Nos expositions
Femmes de Sänbäté
11 au 21 mars 2024
Témoins d’un passé proche déjà largement étiolé, ces portraits illustrent la complexité sociale de l’Éthiopie. En effet, cette pluralité de codes vestimentaires s’exprime dans une unité de lieu aussi restreinte qu’est le marché de Sänbäté. Point de rassemblement dominical (Sänbäté signifiant « jour de repos ») dans le nord de la province du Choa, les peuples des alentours s’y retrouvent venant des basses comme des hautes terres ; chrétiens et musulmans, pasteurs et sédentaires.
L’ensemble de ces clichés a été réalisé dans une unité de lieu, le marché de Sänbäté. Ce lieu situé au nord de la province du Choa se trouve également à proximité du célèbre marché de Bati, l’un des plus importants d’Éthiopie. Dans ce gigantesque carrefour commercial se croisent des populations en transit, venues des différentes régions du pays. Claude Légeret a su immortaliser sur la pellicule la grande diversité des codes vestimentaires et ornementaux arborés notamment par les femmes éthiopiennes dans ce lieu privilégié.
Bien que cette sélection ne reflète qu’une part infime du travail réalisé par Claude Légeret, celle-ci demeure tout à fait représentative de la démarche et de l’écriture photographique de l’auteur. Claude Légeret qui s’est adonné à la photographie, de 1980 à 1987, en parallèle de son activité d’enseignant au lycée franco-éthiopien Guébré-Mariam d'Addis-Abeba n’a, en effet, eu de cesse durant son séjour de sillonner le pays afin de saisir les instants de vie quotidienne des populations qu’il rencontrait. Au total, 16 000 diapositives couleur témoignent des nombreuses excursions qu'il a réalisées au cœur de l’Éthiopie. Seule une trentaine de clichés sont ici dévoilés. Cette exposition est le fruit d'une collaboration entre la BULAC et Mme Delombera Negga, de la section d'études éthiopiennes du département Afrique de l'Inalco.
Contact : serge.dewel@inalco.fr
Les premiers Jeux Olympiques féminins, Paris, 1922
Les premiers Jeux Olympiques féminins, Paris, 1922
L'exposition retrace les premiers Jeux mondiaux féminins accueillis à Paris en 1922 sous l'égide d'Alice Milliat.
Les 17 panneaux de cette exposition nous plongent au cœur de cet évènement majeur de l'histoire du sport.
L'exposition est prêtée par la Ville de Paris et entre dans le cadre de la programmation de l'Inalco en lien avec les Jeux Olympiques 2024.
Conception : Comité d’histoire de la Ville de Paris et Service de développement et valorisation de la Direction des affaires culturelles de la Ville de Paris
Commissariat scientifique : Florence Carpentier, historienne du sport et du genre à l'Université de Rouen Normandie et à l'Université de Lausanne.
1873 : un tournant dans l'histoire des Langues O'
1873 : un tournant dans l'histoire des Langues O'
L’École spéciale des Langues orientales, créée en 1795 en pleine Révolution française, a connu une profonde métamorphose quand elle s’est installée au 2 rue de Lille, fin 1873, il y a 150 ans, sous la Troisième République. L’École n’a pas seulement changé d’adresse et de locaux. Son statut a été modifié, les enseignements se sont enrichis, les cursus ont évolué, les enseignants ont été renouvelés, les élèves aussi, la bibliothèque s’est développée.
Cette exposition montée par la Mission Histoire de l’Inalco et le Service de l’information scientifique, des archives et du patrimoine de l’Inalco, et son pendant organisé par la BULAC, présente comment l’institution s’est ancrée dans le paysage parisien pour devenir une grande école à la française et acquérir le rayonnement que nous lui connaissons aujourd’hui.
Exposition proposée dans le cadre de la programmation « 1873 : un tournant dans l'histoire des Langues O' » célébrant les 150 ans de l'installation de l'École des langues orientales (aujourd'hui Inalco) au 2 rue de Lille et la création de sa bibliothèque.
Commissaires de l’exposition dans la galerie du Pôle des langues et civilisations
- Emmanuel Lozerand (Chargé de Mission Histoire auprès de la présidence de l’Inalco et mémorialiste de la Fondation Inalco)
- Louis Pourre (Archiviste pour la valorisation du Service de l’information scientifique, des archives et du patrimoine de l’Inalco)
- Sarah Cadorel (Responsable du Service de l’information scientifique, des archives et du patrimoine de l’Inalco)
Commissaires de l’exposition dans la salle de lecture de la BULAC
- Juliette Pinçon (Responsable adjointe du pôle médiation, chef de l’équipe valorisation de la BULAC)
- Benjamin Guichard (Directeur scientifique de la BULAC)
Immersion à la table yucatèque
Immersion à la table yucatèque
C’est en hiver 2021 que Sarah sort pour la première fois de sa campagne française et prend l’avion, direction la Péninsule du Yucatán, au Mexique, avec l’objectif de pratiquer son espagnol. Elle est alors accueillie chez les Camacho, famille yucatèque résidant à Mérida. En tant que nouveau membre de la famille, Sarah se rend au marché local et participe à la préparation des repas, moment où l’on s’échange aussi bien les savoirs et pratiques culinaires que les derniers potins du quartier. Très rapidement, elle en profite pour capturer en image ces instants, qu’elle partage aujourd’hui dans l’exposition Immersion à la table yucatèque.
Cette exposition convoque une histoire personnelle mêlée à une approche historique et ethnographique.
Ce projet d’exposition est porté par l’association étudiante Amériques qui depuis le siège de l’Inalco, organise des événements scientifiques et culturels mettant en lumière le département de Langues et Cultures des Amériques.
Contact : ameriques.inalco@gmail.com
Voyage littéraire en Asie centrale
Voyage littéraire en Asie centrale
L’été 2021, la dessinatrice Sophie Imren part rejoindre son amie Noémie Cadeau à Bichkek, où elle effectue un séjour de recherche à l’Institut français d’études sur l’Asie Centrale. Sophie ramène de ce premier voyage kirghize une abondante production graphique, entre carnets de voyage, planches de bande dessinée et dessins à l’encre. Passionnée par l'art centrasiatique, Sophie se rend une seconde fois à Bichkek en septembre 2022.
Au cours de ce second séjour, elle monte trois expositions dans la capitale kirghize, au Musée des Beaux-Arts aux côtés de peintres de renom et à l'Alliance française pour une exposition personnelle. Avec Noémie, revenue faire son terrain de thèse, elles partent pour l’Ouzbékistan, de Boukhara à Tachkent, sur les traces des écrivains centrasiatiques soviétiques. De leurs voyages littéraires en Asie centrale est né ce projet d’une exposition en France, à mi-chemin de la recherche, de la documentation graphique et de la création artistique.
Cette exposition est en lien avec la projection du documentaire "L'amiral Tchoumakov", le 2 juin au PLC.
Contacts : sophieimren@free.fr ; noemie.cadeau@univ-st-etienne.fr ; catherine.poujol@inalco.fr
Regards de Pêches
Regards de Pêches
Créée par l’association Rés-EAUx, cette exposition est consacrée à la diversité des pratiques de pêche.
La pêche désigne l’ensemble des activités de capture, piégeage et ramassage de ressources halieutiques, tels que poissons, crustacés, coquillages et végétaux, effectuées par un individu ou un groupe social dans un environnement aquatique (eaux marines, saumâtres et douces) ou terrestre (rivage, plage, estran, etc.).
La particularité de la pêche est liée à la fluidité des milieux aquatiques qui façonne la mobilité des ressources et des hommes (cycles biologiques et hydrologiques, migrations des ressources halieutiques, mobilités des sociétés de pêcheurs, etc.). Tantôt perçus comme des prédateurs tantôt comme des protecteurs des milieux et des ressources, les pêcheurs et leurs pratiques sont vecteurs de représentations sociales contradictoires et qui évoluent dans le temps. Les œuvres présentées proposent d’interroger ces représentations à travers leurs mises en images.
Cette exposition est en lien avec l’école de printemps « L’eau, une ressource sous haute tension ? » du 22 au 26 mai 2023.
Contact : ornella.puschiasis@inalco.fr
Dessins de lumière. Usages de la photographie en Mongolie
Dessins de lumière. Usages de la photographie en Mongolie
Cette exposition photographique collective vise à apporter une réflexion à la fois novatrice et accessible sur les différentes manières de faire usage de la photographie en Mongolie. Elle réunit plusieurs photographes mongols et français, aussi bien amateurs que professionnels, et se décline en plusieurs volets thématiques, chacun ayant pour objectif de questionner les usages de la photographie dans le cadre de contextes particuliers : les rituels chamaniques, le rapport à la mort et aux défunts, la crise sanitaire (Covid-19), les murs d’images avant et après les réseaux sociaux, le rapport au « chez soi » des éleveurs nomades, et enfin ce qu’il importe de montrer pour comprendre un peuple. Des textes en français et en mongol accompagnent les différentes sections thématiques.
Cette exposition est réalisée dans le cadre du programme national « Mondes nouveaux » du Ministère de la Culture, qui soutient et accompagne la création de projets artistiques.
L’exposition est organisée par Veronica Gruca, doctorante en anthropologie (EPHE, CEFRES), avec la participation de Tseveen Bat-Erdene (photographe amateur, Ulaanbaatar, Mongolie) Suniko Bazargarid (photographe professionnelle, Ulaanbaatar, Mongolie), Grégory Delaplace (directeur d’études à l’EPHE), Davaanyam Delgerjargal (photographe professionnel, Ulaanbaatar, Mongolie), Batkhand Lkhamsuren (chamane, Bayan-Uul, Dornod, Mongolie), Charlotte Marchina (Maîtresse de conférences en langue et civilisations mongoles à l’Inalco), Tserendejid Munkhdorj (éleveuse et agricultrice, Bayan-Uul, Dornod, Mongolie), Battur Soyollkham (photographe amateur, Ulaanbaatar et Bayan-Uul, Mongolie) et Nomindari Shagdarsuren (traductrice et chargée de cours en langue et civilisation à l’Inalco).
L’esclavage des Roms dans les principautés roumaines – Cinq siècles d’esclavage oublié
L’esclavage des Roms dans les principautés roumaines – Cinq siècles d’esclavage oublié
L’exposition présente l’esclavage des Roms dans les provinces de Moldavie et de Valachie de 1370 à 1856, avant la constitution de la Roumanie moderne. Elle s’appuie sur différents documents historiques : récits, cartes, peintures, photos. Les panneaux évoquent la réalité de la réduction en esclavage, le regard porté par les voyageurs européens, la résistance, les raisons et les modalités de l’abolition de l’esclavage, enfin les questions de mémoire et de réparation. Au-delà du récit de cette histoire dramatique, il s’agit d’en montrer les conséquences pour la réalité des Roms dans la Roumanie actuelle. L’exposition permet aussi de rappeler qu’un des esclavages les plus longs de l’histoire humaine, largement ignoré même des historiens, s’est déroulé en Europe.
Cette exposition fait écho à la journée internationale des Roms du 7 avril 2023, durant laquelle plusieurs manifestations seront organisées dans l'auditorium du Pôle des langues et civilisations.
Contacts : aurore.tirard@inalco.fr (organisatrice) et petcutz@yahoo.com (auteur)
Pratique de l'estampage en Chine : images et objets inscrits
Pratique de l'estampage en Chine : images et objets inscrits
Exposition des estampages des Archives de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) et de la Bibliothèque Universitaire de Langues et Civilisations (BULAC)
L’exposition est organisée par Lia Wei (Inalco/IFRAE) et Michela Bussotti (EFEO/UMR CCJ), avec la participation de Soline Suchet (BULAC) et Dat-Wei Lau (EFEO), ainsi qu’une équipe d’étudiants en licence, master et doctorat de l’Inalco et de l’EPHE : Francesca Berdin, Eric Bouteiller, Marie Blondin-Dessemme, Killian Cahier, Zack Chasseriaud, Ema Demptos, Anna Le Menach, Killian Miramende, Bastien Roth, Paula Sumera, Yin Tianjie, Yuan Ye.
L'estampage chinois est une technique de reproduction à l’encre sur papier, de textes et images gravés, habituellement sur pierre, et plus rarement de bas-reliefs et d’objets.
Si les estampages sont connus comme supports de recherche pour l’historien ou le philologue, et comme sources de modèles pour le calligraphe, cette exposition les étudie sous un autre angle moins exploré, celui de la culture visuelle et matérielle.
L’estampage possède une valeur autonome de l’objet estampé : c’est une œuvre à l’encre avant tout, et un objet de collection en soi.
Les estampages chinois sont rarement exposés en Europe : il s’agit ici d’une première tentative de leur consacrer une exposition entière, qui réunit une quarantaine d’estampages des Archives de l’EFEO dont onze documents originaux, et une douzaine d’estampages découverts à la BULAC dans le cadre de ce projet.
Le parcours est organisé en sections thématiques qui commencent par introduire la fonction « classique » des estampages à travers quelques pièces emblématiques, pour ensuite s’intéresser de plus près aux estampages d’objets, aux représentations figuratives, et aux paysages.
L’exposition comporte une dimension didactique importante, car les notices accompagnant les estampages ont été rédigées en collaboration entre les organisatrices et les étudiant.e.s qui, pour la plupart, ont pu travailler directement sur les documents originaux pendant l’année 2022.
Varkled-Bodja : rituels d'initiation des jeunes en 1993 et en 2017
Varkled-Bodja : rituels d'initiation des jeunes en 1993 et en 2017
L'exposition compare les photographies de ces rituels en 1993 et en 2017, illustrant leur remarquable continuité.
Le village oudmourte de Varkled-Bodja est connu pour avoir gardé un très grand nombre de traditions ailleurs disparues. Il est sis au Tatarstan et il est entouré de Tatars musulmans, ce qui les a protégés aussi bien des influences chrétiennes que des intrusions soviétiques. Parmi les traditions les plus marquantes, les initiations des garçons et des filles qui ont lieu la semaine avant Pâques. Au cours de ce rituel, aussi bien les garçons que les filles font le tour des maisons du village pour collecter des produits alimentaires, à l'aide desquels ils préparent un porridge. Quand celui-ci est prêt, les habitants des villages les rejoignent pour prier avec eux et pour consommer le porridge. Au terme de cette cérémonie, les initiés sont considérés comme membres adultes de la communauté, ils ont le droit de se marier et de pratiquer des activités rituelles.
Contacts : eva.toulouze@inalco.fr ; evenementiel@inalco.fr
Chemins himalayens
Chemins himalayens
Après avoir accompagné une conférence internationale sur le campus Condorcet en juin 2022, l’exposition « Chemins himalayens » est présentée du 4 au 19 octobre 2022 dans la galerie de l’auditorium de l’Inalco au 65 rue de Grands Moulins, 75013 Paris.
Cette exposition est en lien avec le cycle de projections « L’actualité de l’Asie du Sud et de l’Himalaya en images et en débats » organisé par le département Asie du Sud et Himalaya de l'Inalco.
L’Himalaya, malgré la hauteur de ses sommets, le flot tumultueux de ses rivières, ou encore ses climats extrêmes, n’a jamais été une barrière infranchissable ou un obstacle aux circulations. Cette exposition vise à illustrer l’évolution des modes de transport, les solutions trouvées par les populations locales pour faire face aux difficultés du milieu, et les diverses mobilités dont l’Himalaya est le théâtre. Aux aspects matériels ou technologiques s’ajoute une diversité de pratiques culturelles, d’imaginaires, et la persistance de la présence du monde divin dans ces circulations.
Ces photographies –et les textes qui les accompagnent– mettent en lumière l’importance de la mobilité et des régimes de circulation, des sentiers, routes ou chemins dans la vie sociale des communautés dans divers contextes historiques et politiques. L’exposition offre une diversité de regards sur les cultures et les identités plus ou moins enracinées dans des paysages particuliers et suggèrent comment les circulations peuvent être socialement transformatrices.
Contact : Ornella Puschiasis - ornella.puschiasis@inalco.fr
Eastern Orthodoxy, Nationalism and the "Holy Land" (1920’s)
Eastern Orthodoxy, Nationalism and the "Holy Land" (1920’s)
Après la Première Guerre mondiale, le photographe néerlandais Frank Scholten s'est rendu en Palestine et y a séjourné durant 2 ans, dans le but de produire une ‘Bible illustrée’. Cependant, parcourant de nombreux lieux et adoptant une approche documentaire, avec une attention particulière pour les groupes religieux et l'ethnographie, il nous offre un aperçu rare de scènes d'une modernité quotidienne de la Palestine du début des années 1920, à la veille du Mandat britannique.
L’objectif de son appareil capte la mosaïque complexe des communautés de la Méditerranée orientale aux prises avec des nationalismes concurrents, ainsi que, pour les communautés chrétiennes orientales, les interactions entre communautés arabes orthodoxes, Grecs vivant en Palestine et Grecs de Grèce avant les échanges de population.
Bien que politiquement non homogène, la communauté des arabes chrétiens orthodoxes de Palestine s’est activement engagée aux côtés des arabes musulmans dans le mouvement nationaliste arabe naissant. Cette alliance a donné lieu à une série de débats intéressants, comme ceux qui ont entouré les mouvements de réforme en vue d’une arabisation du patriarcat orthodoxe de Jérusalem. Elle a été accompagnée de changements culturels rapides : sécularisation, augmentation significative des maisons d'édition (souvent détenues et dirigées par des chrétiens), participation à des festivals historiquement musulmans comme Nabi Musa, rôle déterminant de la communauté orthodoxe dans la création de journaux nationalistes arabes et importante représentation orthodoxe dans le secteur culturel notamment (production littérature et dans les arts visuels).
Exposition organisée en écho au XIII Symposium Syriacum et au XIe Congrès d'études arabes chrétiennes (4-8 juillet 2022).
Karène Sanchez Summerer et Sary Zananiri
Projet CrossRoads, The Dutch Research Council
Chez les nomades kazakhs de l’Altaï mongol
Chez les nomades kazakhs de l’Altaï mongol
En Mongolie de l’Ouest, dans la chaîne montagneuse de l’Altaï, à plus de 1000 km de la capitale Oulan-Bator, vivent environ 100 000 Kazakhs. Cette minorité ethnique (kazakhe), culturelle (musulmane) et linguistique (kazakhophone) mène un mode de vie très proche de celui des Mongols, bouddhistes et locuteurs du mongol : ces nomades élèvent chevaux, chameaux, bovins, moutons et chèvres, et se déplacent avec troupeaux, familles et yourtes plusieurs fois par an. Évoluant en haute montagne, ils pratiquent un nomadisme vertical qui se caractérise d’une part par une grande amplitude altitudinale entre la saison chaude et les saisons froides, et d’autre part par une très forte mobilité, que nous avons pu mettre en évidence ces dernières années grâce à des innovations méthodologiques alliant enquête anthropologique classique et utilisation de colliers GPS.
Les photos présentées dans cette exposition par Charlotte Marchina ont été prises dans le cadre d’un projet de recherche pluridisciplinaire dont l’objectif était d’étudier la mobilité pastorale des temps passés et présents chez les éleveurs kazakhs de l’Altaï mongol. Elle s’est rendue chez ces éleveurs à quatre reprises en trois ans, entre 2015 et 2018, afin de documenter leurs pratiques. Ces recherches ont été co-financées par et menées en collaboration avec la Mission Archéologique Française dans l’Altaï, le CNRS, le MNHN, le LabEx BCDiv et l’Inalco.
Ecritures japonaises : concevoir des caractères typographiques
Ecritures japonaises : concevoir des caractères typographiques
Pour célébrer leur 10e anniversaire au sein du Pôle des langues et civilisations, la BULAC et l’Inalco ont ouvert les festivités par l'exposition « Écritures japonaises : concevoir des caractères typographiques » et des journées d’études éponymes, à la thématique inédite en France, explorant l’écriture japonaise.
Commissariat de l'exposition : André Baldinger
Commissariat scientifique de la journée d'études : André Baldinger et Émilie Rigaud
La langue et l’écriture font partie des éléments les plus distinctifs de chaque culture. Leurs transformations, développements et adaptations racontent nos origines et notre héritage historique. Chaque alphabet possède son système et son répertoire formel propres. Le japonais n’intègre pas moins de quatre scripts distinctifs : les kanji, hiragana, katakana et le latin. Il s’écrit verticalement, de droite à gauche, ou horizontalement, de gauche à droite.
Avec les kanji qui viennent de Chine, le japonais intègre dans son système des signes de la plus ancienne écriture, vieille de 4 000 ans, toujours utilisée et en extension permanente. Chaque année de nouveaux kanji sont créés.
Les katakana sont utilisés pour des mots, noms et expressions qui sont extérieurs à la culture japonaise. Progressivement, le latin vient aussi s’ajouter pour les mots étrangers au japonais. Quant aux hiragana, ils sont notamment utilisés pour les verbes, les adjectifs, et les noms propres.
Le tout compose un système d’écriture exceptionnellement tolérant et l’un des plus énigmatiques.
Via le projet BLine japonais-latin d’André Baldinger, l’exposition pénètre l’univers de ces deux écritures, leurs répertoires formels et leurs histoires respectives. Elle témoigne d’un processus de travail et du défi de concevoir un set de caractères japonais-latin pour une composition à l’horizontale et bilingue. Ce projet artistique a bénéficié du soutien du CNAP et d'une résidence de recherche à la Villa Kujoyama à Kyoto (JP).
Parallèlement au monde des caractères et des signes, est proposée au regard du visiteur une riche sélection d’affiches japonaises de 1960 à nos jours – période à la créativité foisonnante, comme pour l’invention de caractères.
Imaginary Letters to Vasily Grossman
Imaginary Letters to Vasily Grossman
Imaginary Letters to Vasily Grossman: Post-World War II Repatriation to Soviet Armenia
Par Hazel Antaramian Hofman
Dans le cadre du Festival Transcaucases 20/21
Hazel Antaramian Hofman vit et travaille à Fresno en Californie. Elle est peintre, artiste multimedia, enseignante et doctorante. Une grande partie de son travail se fonde sur son histoire personnelle. « Je suis née en 1960, à Erevan, en Arménie. Pourtant je parlais peu arménien et le peu que je parlais était de l’arménien occidental. Enfant, je me demandais toujours pourquoi je venais d’un endroit si exotique, alors que mon père était originaire de Kenosha dans le Wisconsin et ma mère de Lyon en France. Ce n’est qu’après avoir mis bout à bout des histoires familiales, que j’ai compris : j’étais le produit de deux enfants issus de deux diasporas arméniennes qui, après la deuxième guerre mondiale, avaient suivi leurs parents et leur sens du devoir à l’égard d’un rêve de mère patrie (« hayrenik »), abandonnant leurs repères culturels et idéologiques pour un autre monde. »
Imaginary Letters to Vasily Grossman: Post-World War II Repatriation to Soviet Armenia est une continuation de Stream of Light, un projet à la croisée de l’entreprise ethnographique et de l’exposition artistique s’inspirant des images que Hazel Antaramian Hofman a recueillies auprès des « rapatriés » arméniens qu’elle a interviewés. Pendant cinq ans, l’artiste et chercheuse a rencontré plus de 30 « rapatriés » qui ont accepté de partager avec elle leurs souvenirs, des objets personnels, ainsi que de nombreuses photographies dont certaines sont reproduites pour l’exposition. L’essentiel du travail présenté dans cette nouvelle exposition est le reflet des récits que Hazel Antaramian Hofman a collectés auprès de ces Arméniens qui ont quitté des foyers diasporiques tels que la France, l’Egypte, le Liban, l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Grèce, la Palestine et les Etats-Unis, pour « retourner » dans un simulacre de terre d’origine, l’Arménie soviétique qu’ils ne connaissaient pas. Ces témoignages se lisent également à travers les lettres imaginaires que l’artiste-chercheuse adresse à l’auteur soviétique Vassili Grossman (1905-1964) qui a décrit ses « impressions » d’Arménie dans La Paix Soit Avec Vous. Notes de Voyage en Arménie, suite à son séjour en Arménie en 1961.
Adapté et traduit par A. Der Sarkissian.
Festival Transcaucases 20/21
Le Festival Transcaucases revient pour sa seconde édition à l'Inalco, avec une série d'événements culturels et scientifiques consacrée au Caucase, tel qu’il est vécu, perçu, étudié, fantasmé, raconté par des artistes, des chercheurs, des voyageurs et des acteurs de terrain. Le Festival Transcaucases aspire à une volonté d’ouverture disciplinaire, à travers plusieurs domaines de la création artistique et culturelle, ainsi qu’au décloisonnement des cultures de la région. À travers cette programmation variée, l’édition 2020 du Festival Transcaucases permet des échanges en explorant différents champs de la création artistique et scientifique.
Contact : evenementiel@inalco.fr
Rappelle-toi Barbara. Des femmes racontent la Seconde Guerre Mondiale
Rappelle-toi Barbara. Des femmes racontent la Seconde Guerre Mondiale
Exposition photographique par Maureen Ragoucy
Elles étaient enfants, jeunes filles ou adultes, étudiantes ou en activité, frivoles ou avisées, aujourd’hui des femmes nous racontent des souvenirs liés à leur vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mondiale. S’exiler, résister, s’enfuir du ghetto, vivre l’emprisonnement, la déportation, la perte d’êtres chers, mais aussi l’insouciance et la légèreté malgré l’horreur, la vulnérabilité, les souffrances, leur guerre c’est avant tout la survie.
En ne cédant pas à la peur ni à la soumission, leur vie va passer de l’ordinaire à l’extraordinaire. Leur foi en l’avenir motive leur action. Cette proposition documentaire s’articule entre récits singuliers et histoire collective pour nous transmettre la guerre au féminin, entre illusions et réalités en France, en Hongrie, en Pologne, aux États-Unis, en Russie et au Japon.
Exposition de photographies de l'AAFMC
Exposition de photographies de l'AAFMC
Organisée à l'occasion des Assises de l'Anthropologie Française des Mondes Chinois (16-18 juin 2021)
Ouvrant sur des scènes rituelles comme sur des moments de la vie quotidienne, les photographies rappellent qu’en ethnologie, elles sont bien souvent beaucoup plus que de simples illustrations : elles participent à la restitution des données et accompagnent les contributions des chercheurs en suggérant l’aspect vivant des terrains que les mots ne suffisent bien souvent pas à dépeindre.
Contacts :
Adeline Herrou : adeline.herrou@cnrs.fr
Guo Jingheng : gjhcroissant@gmail.com
evenementiel@inalco.fr
Una chiamata - Intimités en mouvement
Una chiamata - Intimités en mouvement
Exposition photographique de Pauline Fournier
« Una chiamata » présente une série de portraits d’étudiants en langues étrangères réalisée par la photographe Pauline Fournier durant l’année 2019-2020.
La question au centre du projet est de savoir dans quelle mesure apprendre une langue étrangère nous change, nous transforme, nous révèle à nous-mêmes.
Des récits intimes recueillis auprès des modèles lors d’interviews préalables nous ne saurons rien ; la démarche n’est pas documentaire. Pauline Fournier cherche à travers ses photographies à suggérer un mouvement, un passage de l’intimité à l’altérité et les transformations qui s’opèrent nécessairement en nous, êtres en langue.
Les portraits sont réalisés au cœur de l’Inalco dans des détails du bâtiment d’architecte choisis pour représenter les paysages intérieurs de chaque modèle rencontré au cours du projet. Una chiamata, titre du texte introductif à l’exposition éponyme, évoque une de ses premières expériences marquantes de l’altérité : la langue étrangère.
Pauline Fournier
Après avoir obtenu plusieurs maîtrises dans le domaine des langues (maîtrise d'italien, DEA de linguistique et maîtrise de FLE) elle a choisi de se consacrer à la langue et à la littérature slovènes qu'elle enseigne à l'Inalco depuis une dizaine d'années. C'est là qu'elle a développé aussi son travail dans le domaine de la traduction littéraire auprès d'autres chercheurs de l'Institut (groupe de recherche et master en traduction littéraire) dans la continuité des propositions théoriques d'Henri Meschonnic.
Plus récemment elle s'intéresse à la photographie où son travail de création explore notre rapport intime au monde.
Nénètses, Khanty et Mansi de la Sibérie (sub)arctique
Nénètses, Khanty et Mansi de la Sibérie (sub)arctique
Exposition photographique de Dominique Samson Normand de Chambourg
Dans le cadre de « 2019, année internationale des langues autochtones », décrétée par l’ONU, cette exposition est consacrée aux trois premiers peuples autochtones outre-Oural, dont les cultures sont étudiées à l’Inalco.
Les Nénètses (44 640 lors du dernier recensement de 2010) sont des éleveurs de rennes qui nomadisent avec leurs troupeaux dans les toundras arctiques. Au fil des saisons, ils suivent simplement la nedarma, cette route invisible qui unit les générations passées, présentes, futures, à la toundra et au renne : les Nénètses y naissent, grandissent, vivent, s’aiment, travaillent et meurent, veillés depuis les sept strates célestes superposées par les dieux qui s’affairent au bon ordonnancement du "Monde d’en Haut" et du "Monde du Milieu", et depuis la septième couche de pergélisol du "Monde d’en Bas" par Nga, le dieu de la mort, dont le tchoum se dresse au bord de la rivière souterraine Nioul-Iam. Et de leurs forces égales dépend l’équilibre de l’univers, bouleversé par les interactions avec le monde russe et les enjeux de l’Arctique.
Les Khanty (30 943) peuplent traditionnellement les forêts de la rive orientale de l’Ob, leur fleuve sacré, et de ses affluents. Chasseurs-pêcheurs semi-nomades, mais également éleveurs de rennes au Nord et à l’Est, ils se déplacent d’un village saisonnier à un autre. Leur mode de vie traditionnel dans un paysage sensible où tout est vivant et sacré, parce que chaque terre n’est autre qu’une incarnation vivante de telle déesse ou de tel dieu, est menacé par l’exploitation industrielle, notamment du pétrole, du gaz et bois. L’Ours, au fil de la christianisation, est devenu une figure christique
Les Mansi (12 269) qui vivent sur la rive occidentale de l’Ob sont de proches parents des Khanty du point de vue du mode de vie et de la langue, mais l’afflux de colons depuis le xviie siècle ainsi que l’extractivisme depuis les années 1950-1960 ont limité la culture vivante à quelques simples îlots ; selon les chiffres officiels, les locuteurs de mansi seraient 938, soit 7,6% de la communauté.
Pour l’essentiel, ces photos ont été prises lors de travaux de terrain entre 1996 et 2018. L’auteur remercie les Nénètses, les Khanty et les Mansi ainsi que l’Inalco du soutien qu’ils n’ont cessé d’accorder à tous les projets qu’il a pu entreprendre.
Brève bibliographie de l’auteur :
- « Conversations autour du Paradis. Récits de vie nénètses du xxie siècle », La Sibérie comme paradis, Dominique SAMSON NORMAND de CHAMBOURG & Dany SAVELLI (eds.), Centre d’Études mongoles et sibériennes – École Pratique des Hautes Études, coll. « Nord Asie », 2019, pp. 295-347.
- “We Are Not Dead Souls”: The Good Petroleum Fairies and the Spiritsof the Taiga in Subarctic Siberia, Sibirica, Marlène Laruelle (ed.), vol 18, no 3, New York – Oxford, Berghahn Journals, 2019, pp. 109-150.
- « Entre sacralité, mobilité et adaptabilité, les Nénètses des toundras », in Francis Latreille, Les derniers peuples des glaces, Paris, Gallimard, 2019, p. 220.
- « “Un troisième ciel sans impôts, sans maladie et sans Russes”. Des vices chrétiens et des vertus chamanistes dans l’Arctique sibérien (xxie-xxe siècle) », La vertu des païens, Sylvie Taussig (dir.), Paris, Kimé, 2019, p. 637-689.
Autochtones du Nord Canadien
Autochtones du Nord Canadien
Dans le cadre de l’année internationale des langues autochtones déclarée par l’UNESCO, la section Langues et Cultures des Amériques de l'Inalco propose deux expositions.
- Cap au Grand Nord (Annick Cojean, 1999)
Toutes les photos de cette exposition ont été prises par Annick Cojean, une grande journaliste du journal Le Monde. Elle a reçu en 1995 le prix Mumm et en 1996, le prix Albert-Londres a couronné son enquête sur les Mémoires de la Shoah.
Annick Cojean a fait un grand voyage au Nunavut en juillet 1998. Elle en a donc ramené de grands articles pour Le Monde, des photos en noir et blanc et couleur, ainsi que des souvenirs de paysages forts et d'amitiés nouvelles.
Ces photos d'Annick Cojean sont ré-exposées cette année à l'Inalco pour fêter le 20e anniversaire de la création du Nunavut, territoire autonome de la confédération canadienne, peuplé principalement par des Inuit.
- Indian Time (Elena Perlino, 2017)
Elena Perlino a réalisé plusieurs séjours dans les communautés innues et naskapies à la frontière du Québec et du Labrador, entre Natashquan, Mani-Utenam, Matimékush-Lac-John, Kawawachikamach et Sheshatshiu. "Les photos conjuguent avec la contemporanéité d’un instantané et la précision d’une image composée, qui explore l'idée d'identité et territoire. Perlino traite à la fois du rituel, des traditions et de la vie quotidienne. Attentif et exigeant, son regard donne lieu à des tableaux bâtis et des moments reconstitués au-delà d’une vision documentaire". (Claire Moeder pour les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie)
Perlino est une artiste italienne établie à Paris. Ses travaux récents ont porté sur la migration, la traite des personnes et les questions de genre, plaçant la photographie au cœur d’enjeux sociaux et politiques cruciaux. Elle a présenté plusieurs expositions en Asie, Europe et Amérique du Nord et a été soutenue par la Fondation Magnum ainsi que par l’Open Society Foundations et le CNAP. Perlino a publié les livres: Pipeline (2014), portant sur la traite nigériane en Italie, Maktoub (2017) sur l’Islam en Italie et Paris Goutte d’Or (2018).
Les dortoirs de Yoshida
Les dortoirs de Yoshida
Exposition photographique de Jean-Louis Porte
Construits en 1913, les dortoirs Yoshida de l’université de Kyôto sont depuis peu projetés sous les feux de l’actualité au Japon : ils font l’objet de projets de fermeture, suscitant toutes sortes de réactions : politiques, académiques, idéologiques, civiles…
Pour cause, ces dortoirs sont les plus anciens au Japon abritant encore aujourd’hui une centaine d’étudiants et diverses activités culturelles et artistiques à Kyôto. Cette ancienneté attire l’attention des architectes et des historiens qui y voient des matériaux d’études hors pair. La valeur des dortoirs se trouve augmentée avec la découverte en 2012 de l’année de construction de la cuisine, un lieu hautement symbolique car accueillant des personnes extérieures ; elle daterait de 1897, ce qui en fait le bâtiment le plus ancien de l’université de Kyôto.
Outre ces valeurs historiques intrinsèques, les dortoirs attirent les études en sciences sociales de par leur organisation complexe, soumise à la décision du collectif. En effet, cet espace relève d’un lieu autogéré par les étudiants (jichiryô) qui restent souverains dans l’organisation de la vie au quotidien dont les recettes et dépenses ; l’admission et l’exclusion des membres des dortoirs ; et in fine l’avenir de ces lieux. Cette autonomie est à la fois la garantie de l’indépendance des étudiants mais aussi la source des tensions avec la ville et l’université qui souhaitent intervenir dans ce lieu pour des raisons de sécurité (raison contestée par les étudiants).
Ces vies étudiantes, à la fois originales et collectives, partagées entre l’autonomie et la subordination, portent des valeurs qui se veulent éternelles malgré leur statut éphémère. Grâce à cette exposition de Jea- Louis Porte, elles nous sont données à voir dans toute leur complexité.
"Yoshida est un des trois campus de l’université de Kyôto, la deuxième université du pays. Les plus anciens dortoirs de ce campus, construits en 1913, hébergent encore des étudiants et des étudiantes. Ce sont trois longs bâtiments en bois, à un étage, reliés entre eux par un couloir qui donne sur l’entrée commune. Les constructions, soignées, magnifiques, rare exemple de bâtiments administratifs en bois encore en fonction, ont résisté aux calamités naturelles, évité les incendies et témoignent d’un passé et d’un savoir-faire architectural qu’on ne retrouve plus guère au Japon en dehors des temples et des sites historiques.
Les dortoirs de Yoshida sont autogérés par les étudiants, une autogestion qui s’étend aux espaces communs : le hall qui englobe une salle de repos et de spectacle, une vaste cuisine dite shokudô, un lieu pour les musiciens en répétitions quotidiennes, et les espaces verts entre les bâtiments, appelés « la jungle », où courent des poules.
Les chambres sont construites à l’identique : cinq tatamis au sol, deux mètres cinquante de hauteur, une fenêtre sur l’extérieur, une sur le couloir, un placard, une entrée.
Quand mon fils aîné en service civique à Kyôto m’a emmené visiter les dortoirs, trois choses m’ont interpellé : la beauté des lieux, l’atmosphère hors du temps qui s’en dégage et l’incroyable diversité des aménagements intérieurs réalisés par les étudiants dans leurs chambres individuelles. C’est à ce moment là que j’ai envisagé de revenir faire leurs portraits lors d’un prochain voyage.
Pourtant, quelques mois plus tard il n’était plus possible d’entrer dans les dortoirs de Yoshida sans y être invité ou avoir l’accord du collectif étudiant qui en assure la gestion. L’atmosphère avait changé, les dortoirs avaient été déclarés insalubres par l’administration et promis à la destruction, les étudiants devaient quitter leurs chambres.
La moitié d’entre eux est partie, les autres contestent la décision dont ils affirment qu’elle n’a pour but véritable que la fin de l’autogestion étudiante du lieu et de la vie communautaire qui en découle, pour preuve la destruction annoncée d’une extension récente des dortoirs, construite dans les années 2010.
C’est dans ce contexte que j’ai exposé mon projet photographique au collectif. Celui-ci l’a accepté à condition que pour l’instant les portraits ne soient pas exposés à Kyôto où de futurs employeurs, via l’exposition ou via la presse, pourraient découvrir des visages et des identités qu’ils mettraient ensuite sur liste rouge.
Les résidents actuels défendent la survie du lieu parce que c’est un bâtiment historique, parce que les loyers sont très bas, 30 euros par mois, parce que la vie collective qu’ils partagent entre les dortoirs, la cuisine, la salle de musique et l’espace de repos et de spectacle est une affirmation de solidarité et de partage qui résulte de la longue histoire d’autogestion étudiante du lieu. C’est tout cela qu’ils veulent préserver, au moins pendant leur vie étudiante."
Jean-Louis Porte
"[...] Disons seulement que si le Japon n’est pas une civilisation du conflit ouvert, il n’en est pas pour autant, contrairement à une idée reçue et malgré l’homogénéité sociale et le consensus apparents, une société monolithique. Depuis Meiji, la mainmise de l’élite dirigeante sur la mémoire nationale a tendu à minimiser, sinon à occulter, la contestation, la rébellion, la révolte, en les réduisant à une sorte d’« invisible social » ; en somme, à des « accidents » de l’histoire, c’est à dire à des faits dont on occulte délibérément la valeur significative. Il y a en réalité à découvrir à travers une lecture conflictuelle de l’histoire du Japon tout un phylum contestataire particulièrement riche. Il est d’ailleurs symptomatique que le rebelle, le hors-la-loi, le terroriste, l’errant, le déchu, le déviant ou le nihiliste soient des grandes figures de l’imaginaire social nippon. Leur saga s’inscrit dans une « tradition du refus ». Autre mémoire de la modernité japonaise."
Philippe Pons, D’Edo à Tokyo : mémoires et modernités, 1988.
La voix des Femmes Autochtones
La voix des Femmes Autochtones
Dans le cadre du projet "La voix des Femmes Autochtones", des portraits de femmes autochtones remarquables, de la Nouvelle-Calédonie au Québec, en passant par la Norvège, seront exposés dans la galerie de l'Inalco. Les photographes ayant réalisé ces clichés viennent tous des pays ou régions originaires.
Cette exposition se présente en trois thèmes :
La présentation du projet "La voix des Femmes Autochtones"
Le projet "La voix des femmes autochtones" a pour ambition de diffuser la parole des femmes autochtones à travers le monde, femmes souvent discriminées et victimes de violences.
Anne Pastor, journaliste à Radio France, est à l’origine du projet. A travers de nombreux reportages, Elle a permis d’identifier des femmes qui, chacune dans leur domaine, nous invitent à repenser un mode de développement plus durable, social, humain et original.
Ce projet, porté par l’association En terre indigène, s’inscrit dans un contexte favorable à sa visibilité : l’ONU a déclaré 2019 comme l’année des peuples autochtones, et l’UNESCO comme l’année des langues autochtones.
La voix de l’émancipation
Ce thème est composé de cinq portraits de femmes emblématiques qui luttent contre la discrimination, le sexisme et les violences faites aux femmes. Militante, avocate, écrivaine, ces femmes sont engagées dans une cause féministe pour améliorer la condition de la femme dans leur pays ou région. A travers ces clichés, les photographes ont souhaité mettre en avant les actions de ces femmes comme modèle de résistance et d’émancipation.
La voix des arts
La transmission des savoirs et de la culture comme arme de résistance et d’émancipation pour les femmes autochtones est le thème reflété par ces cinq autres portraits de femmes artistes et artisanes. Ces femmes utilisent la tradition orale comme transmission des savoirs et de la culture, elles s’invitent devant la scène pour défendre leurs droits et leurs origines.
Balthazar : Prince Noir de Timor et de Solor en Chine, en Amérique et en Europe (...)
Balthazar : Prince Noir de Timor et de Solor en Chine, en Amérique et en Europe (...)
Balthazar : Prince Noir de Timor et de Solor en Chine, en Amérique et en Europe au XVIIIe siècle
Par Frédéric Durand, Professeur, Université Toulouse II - Jean Jaurès
Traductions en indonésien par Nathalie Saraswati Wirja, diplômée de l’Inalco
Originaire des îles de la Sonde (Indonésie et Timor-Oriental), Balthazar est né vers 1737 et se présentait comme le fils du roi de Timor. Abandonné en France par un prêtre portugais à l’âge de treize ans, il a vécu en exil pendant plus de quarante ans, voyageant en Europe et en Amérique.
Personnage étrangement oublié de l’histoire, il a été en contact avec de nombreuses personnalités de l’époque, des rois Louis XV et Louis XVI à Voltaire, en passant par les communautés françaises des alchimistes et des encyclopédistes.
Les vingt-quatre panneaux de l’exposition reproduisent chronologiquement les étapes importantes de la vie du Prince de Timor et de Solor.
Le Dessous des Cartes
Le Dessous des Cartes
D'après le livre Itinéraires Asiatiques, de Jean Christophe Victor
Une exposition proposée par Arte
Depuis une quinzaine d’années, l’Asie véhicule l’image d’un continent en plein essor économique, alimentant les représentations d’une région où se joue le futur du monde. L'exposition montre comment la croissance démographique, le développement économique, l'urbanisation accélérée, mais également le creusement des inégalités sociales, la pauvreté, la pression accrue sur les ressources naturelles, l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre ne manquent pas de transformer le continent et d’imprimer leur marque sur le reste du monde. Cependant, le basculement du monde vers l’Asie n’est pas sans bousculer, en retour, les sociétés asiatiques. Marquée par des pratiques sociales traditionnelles encore très présentes, traversée par des courants de modernité que la multiplication des échanges ne fait que renforcer, confrontée à l’accélération des mutations technologiques en cours, chaque société, de l’Inde au Japon, de la Chine au Bangladesh, avec ses contraintes et ses ressources, tente de se frayer un chemin dans la mondialisation et de se construire un avenir.
Lesbos Ile - refuge
Lesbos Ile - refuge
En 2015, plus de 500 000 personnes sont entrées dans l’espace européen en atteignant les plages de Lesvos à bord d’embarcations de fortune. C’est parce que cette île grecque n’est située qu’à quelques kilomètres des côtes turques qu’elle est devenue une étape tristement incontournable dans le long voyage qu’entreprennent celles et ceux qui fuient la violence de la guerre, en Syrie, en Afghanistan ou en Irak, et qui espèrent trouver refuge en Europe.
Il y a quelques mois encore, Lesvos était avant tout réputée pour la beauté de ses paysages et de ses villages, pour la qualité de ses olives et pour la richesse de son patrimoine archéologique et culturel. Aujourd’hui, c’est malheureusement davantage à des images de camps de réfugiés et de victimes de naufrages qu’elle est associée dans les esprits.
Dans un pays déjà frappé et traumatisé par une crise économique et sociale qui n’en finit plus de s’aggraver, comment une île qui compte moins de 90.000 habitants peut-elle gérer un tel afflux d’humanité à secourir? Au seul mois d’octobre 2015, le nombre record de 135.000 arrivées est enregistré par les autorités.
Les images, peu nombreuses en France, qui arrivent de Lesvos et mettent en lumière les conditions dans lesquelles sont « accueillis » les réfugiés, provoquent la stupeur. Partout en Europe, de nombreux volontaires se mettent en route pour participer, à leur échelle, à soulager la souffrance de ces « Autres ». Peu à peu, au fil des semaines, des initiatives individuelles et collectives, grecques et étrangères, viennent combler le vide laissé par des institutions dépassées par les événements, ne pouvant ou ne voulant mettre en place des structures d’accueil à la mesure du phénomène.
Passer quelques semaines sur place est une expérience qui vous ébranle profondément.
Retour aux fondamentaux. Il faut nourrir, il faut vêtir, il faut protéger du soleil et de la pluie.
Mais c’est finalement le plus facile.
Ensuite viennent les questions qui vous déchirent.
Ces familles ont laissé derrière elles absolument tout ce qu’elles possédaient et une grande partie de ce qu’elles étaient.
Incroyable courage, incroyable dignité, incroyable dynamisme de ses hommes, de ses femmes et de ses enfants privés d’enfance.
Ancienne étudiante de l’Inalco, Clara Villain obtient une licence de grec moderne en 2015.
Cet été, sur l’île de Lesvos, elle passe un mois et demi en compagnie de volontaires locaux et de réfugiés, dans les camps. Issue d’une famille d’artistes, c’est naturellement qu’elle choisit de témoigner de ce qu’elle a vu et vécu par l’écriture et la photographie.
Moires - Méditerranée
Moires - Méditerranée
"Dans la mythologie grecque, les Moires sont les divinités du destin. Ce sont elles que j’ai choisies pour nommer mon travail autour de la Méditerranée. Ces trois sœurs filant, enroulant et coupant le fil incarnent pour moi les origines. Je suis née en Algérie, pays où je n’ai jamais vécu. L'attirance qu'exerce sur moi la Méditerranée trouve là, probablement, sa source. La mer devient le symbole d'un pays, des pays qui l'entourent. Elle influence le climat. Elle crée une lumière. Elle fait de ces pays l'objet de convoitises qui rompent avec la douceur du temps. Quelque chose se réveille en moi lorsque je suis près de la mer Méditerranée. Je ressens la force de la lumière, de ces contrastes. Je ressens le végétal et le minéral brûlés par le soleil. Mais je ressens également de la mélancolie, quelque chose qui appartient à la fois au monde du vivant et au monde des morts. Les monotypes présentés ici mettent en avant la lumière caractéristique du plein soleil. Les contrastes sont tranchés, les formes coupantes. Paradoxalement, le noir tient une grande place pour rendre la lumière, comme un paysage dans le soleil éblouissant devient noir.
La technique du monotype, qui est une technique d'impression, n'est pas choisie par hasard. Elle s'est imposée à moi pour l'empreinte qu'elle laisse. En effet, elle rend compte de mon histoire familiale, où l'héritage est là. L'Algérie, le pays de mes parents, le pays où ils sont nés, où ils ont grandi, où ils ont été jeunes et où ils ont vécu la guerre. L'empreinte reste après le passage. Elle est plus qu'une trace."
Marie Claire Cano
Olymbos, Un village intemporel
Olymbos, Un village intemporel
La beauté du village grec d’Olymbos, au nord de l’île de Karpathos (Dodécanèse), résulte de dissonances entre la rusticité des conditions de vie et l’éclat somptueux des fêtes. Là-bas, l’austérité des paysages, inscrits entre mer et montagnes, s’oppose à la richesse de la culture locale où la musique occupe une place de choix.
Les images en noir et blanc de Filippas N. Filippakis, photographe officiel du village entre 1945 et 1965, font résonner ici le passé au coeur de l’actualité des photographies en couleurs de Philippe Herren, photographe suisse contemporain.
Organisée par Mélanie Nittis, doctorante au Cerlom, lauréate du Prix de la Maison des Cultures du Monde, en partenariat avec le Festival de l’Imaginaire et l’association Nisiotis
Les Rêves s'affolent
Les Rêves s'affolent
Poèmes et dessins de Jean et Anastassia Elias
Le langage poétique de Jean Elias, très inventif et inattendu, la forme sûre et sensible de ses vers, et l’incroyable richesse des illustrations d’Anastassia Elias font que ces créations traversent les barrières du temps et enchantent quiconque les approche, quels que soient son âge et sa sensibilité. Découvrez ces poèmes et illustrations dans notre galerie du 06 janvier au 20 février prochain. Certains poèmes de Jean Elias ayant été écrits en arabe, puis réécrits en français, c’est en double version arabe et française qu’ils figurent ici, pour la plus grande joie des amoureux des langues.
Setomaa, Un royaume sur le fil
Setomaa, Un royaume sur le fil
Au hasard d'une conversation, j'apprends que, à peine 20 ans après l'indépendance de l'Estonie, la Russie n'a toujours pas ratifié d'accord sur leur frontière commune. M'intéressant au sujet, je découvre l’existence des Setos et du Setomaa, un jeune royaume, vieux comme la discorde. À la fois en Estonie et en Russie... Mais d'où sort cette fable ? C'est le point de départ de ce travail photographique: aller à la rencontre des Setos, parcourir cet étrange territoire posé en équilibre, essayer de comprendre leur démarche "ethno-futuriste" de préservation et d'affirmation de leurs identités.