Le tableau disparu

25 octobre 2024
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Dans les années 1890 les travaux de réfection du 2 rue de Lille sont terminés et l’École des langues orientales vivantes peut pleinement profiter de ses nouveaux locaux. Cependant il faut encore compléter la décoration de certaines pièces. Le ministère de l’Instruction publique commande donc, le 24 mars 1904, un panneau pour orner le « grand salon » de l’École, aujourd’hui appelé Salon Suzanne Borel.
François-Benjamin Chaussemiche, Mur du côté face aux croisées et second projet de peinture murale, juillet 1908, papier calque, crayon, Archives nationales de Pierrefitte, 20190227/36/4
François-Benjamin Chaussemiche, Mur du côté face aux croisées et second projet de peinture murale, juillet 1908, papier calque, crayon © Archives nationales de Pierrefitte, 20190227/36/4‎
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Arrêté ministériel du 24 mars 1904, Archives nationales de Pierrefitte, F/21/3073
Arrêté ministériel du 24 mars 1904 © Archives nationales de Pierrefitte, F/21/3073‎

Le peintre chargé de cette tâche est Louis-Édouard Fournier (1857-1917), un artiste qui a déjà participé à plusieurs grands projets tels que la réalisation des fresques en mosaïques du Grand Palais. En 1904, l’artiste possède donc une carrière bien remplie, et l’École des langues orientales pense pouvoir lui confier la réalisation de ce panneau. Malheureusement tout ne va pas se passer comme prévu.

Quand le tableau est finalement terminé, l’administrateur Paul Boyer décide en effet de le refuser. Il explique ses réticences dans une lettre adressée au ministère de l’Instruction Publique et Beaux-Arts datée du 20 mars 1914. Tout d’abord, l’installation de ce panneau « se montait à une somme si considérable » qu’il refuse d’imposer une telle dépense à l’institution. Il explique également que les couleurs de ce panneau jureraient avec la décoration déjà présente dans le salon. Enfin, et surtout, le tableau est « encombré, en sa partie inférieure d’inscriptions en lettre orientales de différents alphabets qui ne présentent que des assemblages de lettres prises au hasard et ne constituant pas des mots, –circonstance malheureuse qui ne manquerait pas de faire sourire ceux […] qui jetteraient les yeux sur ledit panneau ».

Paul Boyer, Lettre adressée à Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique et Beaux-Arts, 20 mai 1914, Archives nationales de Pierrefitte, F/17/14586
Paul Boyer, Lettre adressée à Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique et Beaux-Arts, 20 mai 1914 © Archives nationales de Pierrefitte, F/17/14586‎

Suite à ce refus, Paul Boyer propose d’abord d’envoyer le tableau dans les musées implantées dans les colonies. Il va finalement être brièvement exposé à la Sorbonne avant de partir pour la préfecture des Vosges, à Épinal, en 1922. On perd alors sa trace. Il est possible qu’il ait été détruit pendant les combats pour la libération de la ville en 1944. 

Toutefois les recherches continuent, et si vous avez des informations sur ce tableau, n’hésitez pas à contacter le service des archives de l’Inalco.

Article issu de la série de récits historiques Flâneries dans l'histoire de l'Inalco qui met en lumière, chaque mois, un épisode singulier de l'histoire de l'institut.

Arrêté ministériel du 18 novembre 1922, Archives nationales de Pierrefitte, F/21/14881
Arrêté ministériel du 18 novembre 1922 © Archives nationales de Pierrefitte, F/21/14881‎