« Connaître et savoir » dans le cours de pratique orale des langues

Cette Journée d'études organisée par le CREE se tiendra le 4 avril à l’Inalco, à Paris.
Ecritures orientales
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Si la production orale en langue est définie comme une compétence en situation sociale qui a une visée informative et communicative, la situation dans un cours de langue correspond, au contraire, à un échange entre enseignants et apprenants (et entre apprenants eux-mêmes) à visée didactique. Il s’agit d’un type d’échange transitoire, où la finalité n’est pas l’échange d’information elle-même mais l’échange « prétexte » à l’apprentissage. L’enseignant est là pour veiller à créer des situations d’échanges, la plupart du temps simulées, mais se rapprochant le plus possible d’une situation authentique.

Dans le cours de pratique orale l’étudiant est invité à mobiliser des ressources linguistiques, discursives, sociolinguistiques et interactionnelles. Il est question d’une compétence de caractère collaboratif et contextuel, dans la mesure où elle fait appel à un ensemble de ressources à mettre en œuvre dans une situation définie et qui ne sont pas transférables à l’identique à tout contexte.

Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales le verbe connaître signifierait, entre autres, « savoir quelque chose le plus souvent dans un domaine particulier, moyennant l’étude systématique et/ ou la pratique, l’expérience ». L’accent est mis sur le contenu du savoir ex. : connaître l’alphabet, connaître une langue, une discipline scientifique, connaître un (son) métier, connaître les plantes, etc. Quant au verbe savoir, le sens proposé concernerait le fait de « pouvoir pratiquer une activité suivie, grâce à l’acquisition, par l’étude, par l’application, de connaissances théoriques et pratiques, et à la suite d’une opération intellectuelle ; être capable de ».

Si les connaissances sont organisées autour du vocabulaire, de la grammaire et de l’orthographe, les compétences quant à elles, s’organisent en lire, écrire et s’exprimer à l’oral. Pour

« parler » une langue, il ne s’agit donc pas seulement d’acquérir un vocabulaire et des règles de grammaire, mais davantage de comprendre l’organisation d’une action langagière, ou plus globalement d’une activité pratique, de savoir interpréter les différents marqueurs qui ponctuent l’échange et en modifient parfois le sens, d’identifier les différentes caractéristiques lexicales ou syntaxiques de la langue parlée.

Les enseignants sont très mal armés pour discerner ce qui dans le travail sur le discours appartient aux connaissances et ce qui appartient au savoir (mettre en valeur les connaissances). Ils constatent l’aisance et les difficultés des étudiants face à tels ou tels autres tâches discursives et sont alors amenés à proposer des situations de pratique orale favorisant l’appropriation et l’actualisation du savoir par l’apprentissage de nouvelles connaissances.

Dans un enseignement qui est uniquement fondé sur l’énoncé des savoirs, les étudiants n’auront pas la possibilité de mettre en pratique leurs connaissances dans des situations favorables à l’apprentissage. Au contraire, dans un enseignement mettant l’accent sur l’adaptation aux situations, les étudiants sont amenés à accomplir des tâches, l’une après l’autre, sans qu’elles soient liées à un savoir concret ou lié à un seul type de savoir-faire. Ainsi, se pose la question de la pertinence de l’enseignement organisé en parties distinctes : le savoir dont l’instance de formulation et de validation par défaut est l’enseignant et les connaissances dont l’acteur principal est l’étudiant.

Afin de dépasser cette dichotomie de rôles typée, l’enseignement ne pourrait-il pas être appréhendé comme un va et vient constant entre le savoir et les connaissances actualisés et contextualisés par l’étudiant en tant qu’acteur et validateur dans des situations créées conjointement avec un autre étudiant ou l’enseignant dans un cours de langue ?

 

Thématiques de travail proposées

  • Quels savoirs et quelles connaissances enseigner et privilégier dans des groupes d’étudiants marqués par l’hétérogénéité ?
  • Le groupe de travail dans le cours de pratique orale de langue en tant que moteur d’apprentissage des savoirs.
  • Comment concilier l’étendue des connaissances personnelles et les limites des compétences langagières communicatives des étudiants ?
  • Comment les connaissances partagées en langue peuvent-elles être mises au profit des savoirs individuels à acquérir ?
  • Mettre en avant et faire investir les compétences générales des étudiants (savoir, savoir-faire, savoir-être, savoir-apprendre) afin de faire développer leurs compétences langagières communicatives.

Cette première journée d’étude s’inscrit dans le cadre du projet « Enseigner les langues : approches novatrices » du CREE.

Les propositions de communication devront être envoyées avant le 3 mars aux deux adresses : snejana.gadjeva@inalco.fr et georges.kostakiotis@inalco.fr.

La journée aura lieu à l’Inalco, à Paris en présentiel et avec la possibilité de connexion en ligne.

 

Bibliographie

  • BAUTIER Elisabeth et Patrick RAYOU, Les inégalités d'apprentissage. Programmes, pratiques et malentendus scolaires, PUF, coll. « Education et société », 2009.
  • BOURGUIGNON Claire, Pour Enseigner les Langues avec le CECRL, clés et conseils, Paris, Delagrave Edition, 2010.
  • DIAS-CHIARUTTINI Ana et Joaquim DOLZ (dir.), Nouveaux objets et nouveaux contextes d’enseignement de l’oral, Repères, n° 68, 2023, consulté le 19 décembre 2024. DOI : https://doi.org/10.4000/reperes.5963
  • DUPONT Pascal et Michel GRANDATY, « De la dichotomie oral enseigné-oral pour apprendre à la dialectique oral travaillé-oral enseigné », Repères, n° 54, 2016, p. 7-16, consulté le 19 décembre 2024. DOI : https://doi.org/10.4000/reperes.1071
  • LAPARRA Marceline, « L’oral, un enseignement impossible ? », Pratiques [en ligne], n° 137-138, 2008, p. 117- 134, consulté le 19 décembre 2024. DOI : https://doi.org/10.4000/pratiques.1155
  • MARGOLINAS Claire, « Connaissance et savoir. Concepts didactiques et perspectives sociologiques ? », Revue française de pédagogie, Sociologie et didactiques : traverser les frontières, Philippe Losego (éd.), n° 188, 2014, p. 13-24, consulté le 19 décembre 2024, DOI : https://hal.science/hal-01176060/document
  • NARCY-COMBES Jean-Paul, « Quelle complémentarité entre les savoirs d’action et les savoirs théoriques ? Quelques significations à attribuer à l’action enseignante. », en coll. avec CICUREL F., dans AGUILAR J., BRUDERMANN C., LECLERE M. (éds.), Langues, cultures et pratiques en contexte : interrogations didactiques, 2014, Paris, Riveneuve, p. 347-367.
  • Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la Langue (Ortolang), Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), CNRS, Atilf, Nancy, consulté le 19 décembre 2024, https://www.cnrtl.fr/definition/
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