Laboratoire de conception pour l'étude de la guerre cognitive – GECKO
Le concept de guerre cognitive est issu de la convergence des travaux portant d’une part sur les caractéristiques, limites et fragilités des individus, et d’autre part sur les influences sociales, culturelles et leurs manipulations à des fins de guerre.
Il s’ancre à la fois dans une réflexion historique sur l’évolution des doctrines de désinformation et de manipulation issues de la guerre froide et celles nées des deux dernières décennies d’affrontements contre-insurrectionnels et hybrides ainsi que dans les travaux portant sur la militarisation des neurosciences.
La guerre cognitive, dans sa conception actuelle, procède d’un certain nombre de postulats liés à l’approche de la cognition humaine par les sciences cognitives. La plupart des recherches s’intéressent à la cognition de manière individuelle, en étudiant comment le sujet traite l’information, en établissant la liste des biais cognitifs intervenant dans les erreurs de jugement dans les activités de renseignement. Même lorsque les recherches se penchent sur l’analyse et la décision collective, elles le font dans un cadre restreint sans prendre en compte les facteurs sociaux, culturels et organisationnels.
Si les sciences cognitives ont élargi la cognition individuelle au non-humain avec le concept de HAT (human-autonomy teaming), il leur manque encore l’intégration des facteurs contextuels, ce que la collaboration entre les compétences de l'ENSC (IMS), de l’Inalco (ERTIM et PLIDAM) et de l’IRSEM ambitionne de prospecter.
Le projet GECKO offre ainsi un nouveau regard en explorant la guerre cognitive sous le prisme de l’action collective et de la collaboration interindividuelle, en la considérant comme une organisation socio-technique et la cognition comme un processus individuel mais aussi culturel et très largement déterminé aujourd'hui par les technologies de l'information et de la communication. Le projet propose la constitution d’un outillage d’exploration de la guerre cognitive en situation de crises fictives, impliquant des acteurs décisionnels ou opérationnels, civils et militaires, et à destination des opérations liées à la sécurité nationale.
En prenant comme hypothèse la création d’un nouveau domaine d’opération centré sur l’humain, il s’agira de créer un dispositif permettant une mise en situation d’experts dans un scénario contrôlé, mettant en oeuvre un outillage de détection et de prise de conscience en situation. Il sera destiné à la sensibilisation, à la formation et à l'entraînement, permettant à la fois l’étude pour la caractérisation, le traitement et la préparation de différents cas conformes et non conformes. Il sera également un lieu d’accueil pour des chercheurs civils et militaires, notamment des ingénieurs en formation et des doctorants, travaillant sur la thématique de la guerre cognitive.
Début et durée du projet scientifique
1er janvier 2023-31 décembre 2025 - 36 mois
Coordination du projet
Mathieu Valette (ERTIM, Inalco)
Partenaires
IRSEM - Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire
ERTIM - Equipe de Recherche : Textes, Informatique, Multilinguisme
PLIDAM - Pluralité des Langues et des Identités : Didactique – Acquisition – Médiations
ENSC – Bordeaux INP - Ecole nationale supérieure de cognitique de l’Institut polytechnique de Bordeaux
Bailleur
Agence nationale de la recherche (ANR) & Agence Innovation Défense (AID) - Appel ASTRID édition 2022


