Séminaire doctoral "Islam : approches plurielles" & Projet MAG-Renew

Résumé

Cette année le séminaire doctoral « Islam : approches plurielles » propose une journée d’études qui traitera deux thématiques liées à l’histoire du Soufisme. La première partie, qui se déroulera le matin, étudiera la question du Soufisme et de la constitution des savoirs islamiques, grâce à l’apport d’études en cours. La période médiévale allant du 3^e/9^e à la fin du califat abbaside au 7^e/13^e siècle représente un moment décisif dans la constitution et l’évolution des savoirs dans le monde musulman. Les débats sont intenses, parfois violents et reflètent en partie les multiples transformations qui affectent l’organisation politique et sociale de sociétés caractérisées par une grande diversité linguistique, culturelle et religieuse et en butte à des conflits multiples, liés aux croyances, aux pratiques ou aux systèmes d’organisation. Pour ce séminaire, nous faisons le choix de prendre le soufisme comme centre de nos interrogations. Il ne s’agira pas seulement d’aborder l’émergence et les transformations de celui-ci dans le champ des savoirs religieux, même si cela constitue une question susceptible d’être traitée. L’objectif serait plutôt de le confronter aux autres sphères du savoir, comme la théologie, le fiqh, le kalām, la philosophie et même la littérature et les sciences du langage afin de ne pas l’isoler dans le vaste mouvement de transformation qui affecte les sociétés musulmanes, en particulier dans l’aire centrale du monde musulman.

L’après-midi sera consacré aux études en cours sur la tarīqa Darqāwiyya. Elles font partie du cycle des recherches du projet MAG-Renew, lauréat des projets d’excellence de l’Institut Français d’Islamologie Une première journée avait étudié une figure majeure de la tarīqa tijāniyya, le shaykh Akansūs. Nous voulons à présent étudier le deuxième mouvement le plus important du soufisme marocain au 19^e siècle, qui diffère à maints égards du projet d’Aḥmad al-Tijānī. Née de la prédication de Moulay al-ʿArabī al-Darqāwī. (m. 1239/1823), cette nouvelle voie spirituelle se situe à la confluence de deux traditions : celle de la nāṣiriyya, et de la Fāsiyya-Ma‘aniyya. Cette nouvelle voie partage de nombreux traits avec les autres mouvements spirituels présents à Fès. Mais, par exemple, contrairement à la Tijāniyya, elle insiste moins sur les éléments de « rupture » que sur un sens profond de la tradition ancienne. Si Moulay al-ʿArabī al-Darqāwi n’a laissé comme enseignement que des lettres adressées à ses disciples, la génération suivante produira un important corpus doctrinal (lettres sur la direction spirituelle, poésie mystique, traités doctrinaux, textes hagiographiques). Notre attention portera à la fois sur les personnages les mieux connus de la ṭarīqa (Aḥmad Ibn ʿAjība, m. 1808), auteur d’une œuvre importante, (étudiée par Jean-Louis Michon mais qui continue à soulever des questions) et des continuateurs moins étudiés de la voie, comme Muḥammad al-Ḥarrāq (m. 1845), poète et maître à Tétouan, ainsi qu’al-Bannānī (m. 1867), dont l’œuvre a été récemment éditée. Ces recherches veulent répondre à un certain nombre de questions soulevées par l’identité complexe de la Darqāwiyya. Ses maîtres, perçus tour à tour comme des rebelles, des prédicateurs ou des réformateurs, ont essayé de proposer un soufisme qui renoue avec la période des origines susceptible de s’exprimer dans des formes textuelles très variées, allant de simples correspondances en moyen-arabe à la poésie lyrique, les hagiographies ou encore le traité doctrinal.

Programme

Première partie. Soufisme et constitution des savoirs islamiques

Président : Hocine Benkheira (EPHE)

Olga Lizzini (AMU), « Connaissance mystique et vocabulaire mystique chez Avicenne »
Adrien de Jarmy (Unistra), « La mise en circulation des premières traditions sur le Miʿrāj à Baṣra »
Mohammed Emtir (Doctorant Cermom), « La place du soufisme et son statut au sein du hanafisme transoxanien (4e/10e-6e/12e siècles) »
Aurélien Lederer (doctorant Cermom), « L’ordonnance et la place du ch.198 "Du souffle" au sein des Futūḥāt al-Makkiya de Muḥyī l-dīn b. ʿArabī (m.638/1240)

Deuxième partie. Études en cours sur la Darqāwiyya et le soufisme Marocain au 19^e siècle

Présidente : Rachida Chih (CETOBAC- Cnrs)

Florian Lützen (Université de Hambourg), « The Faqīh and Voice of the Shādhiliyya: Aḥmad Ibn ʿAjība (d. 1808) and the Ṭarīqa Darqāwiyya from the Viewpoint of the Religious Sciences »
Ahmed El Idrissi (doctorant UC Louvain), «La Réalité Muhammadienne dans l’enseignement du Soufi marocain Ahmad Ibn ‘Ajîba (m. 1808)»
Ahmed Kharraz (CERLOM), «Entre poétique et expérience mystique : la poésie de al-Ḥarrāq (m. 1845) »
Ismaël Zerguit (UC Louvain), « Un acteur oublié du renouveau soufi marocain : Abū Bakr al-Bannānī (m. 1284/1867) »
Sophie Tyser (postdoctorante INALCO, projet MAG-Renew), « le Shaykh Akansūs, polymathe, adīb et maître soufi de son temps »

Organisation

Hocine Benkheira (GSRL-EPHE)
Francesco Chiabotti (INALCO-CERMOM)
Jean-Jacques Thibon (INALCO-CERMOM)