René Viénet, la sinologie à contre-pied, de l’invention de Simon Leys, à la découverte de Prosper Giquel

Dans le cadre du cycle de conférences « Orientalismes », la conférence inaugurale mettant à l’honneur l’historien, cinéaste et éditeur français, René Viénet, se tiendra le 14 novembre prochain.
Bandeau agenda Inalco Conférence René Viénet
Bandeau agenda Inalco Conférence René Viénet © Fondation Inalco Mylène Boulouard‎

René Viénet, figure unique des échanges intellectuels et culturels entre la Chine et la France, a mené un parcours aux multiples facettes, aux multiples éclats.

Il commence l’étude du chinois en 1963 aux Langues O’, rue de Lille, auprès de Jacques Pimpaneau, figure mythique de l’établissement. Tout en jouant un rôle central au sein de l’Internationale situationniste et s’aguerrissant à la production cinématographique, René Viénet intègre le CNRS en 1967 dont il sera exclu, selon ses propre mots, à deux reprises, la première fois pour avoir été l’éditeur des Habits neufs du Président Mao de Simon Leys (1971), la seconde au prétexte qu’il n’a pas terminé sa thèse, mais en fait pour ses deux films qui représenteront la France au Festival de Cannes (1977) : Mao par lui-même et Chinois, encore un effort pour être révolutionnaires, qui confrontent le regard occidental aux réalités contemporaines de la Chine maoïste. Les « Habits neufs du Président Mao » sont un véritable coup de tonnerre qui décillera le mandarinat universitaire occidental (lentement), mais aussi le grand public (plus sûrement), quant aux réalités de la Révolution culturelle. Pierre Rykmans a.k.a. Simon Leys déclarera publiquement qu’il n’aurait pas publié l’ouvrage, qui infléchira profondément son parcours intellectuel et la perception de la Chine, sans la persistance de Viénet.

Outre ses contributions académiques, de préservation de films chinois rares, de diffusion de l’enseignement de la langue chinoise ou d’édition, René Viénet a joué un rôle pionnier dans le développement des échanges culturels et industriels avec l’île de Taïwan. Il s’est prolongé récemment pas la publication et la préservation d’archives liées à la modernisation chinoise, comme celles de Prosper Giquel, figure oubliée de la science contemporaine qui a contribué à la réforme technologique et éducative de la Chine au XIXème siècle. 

En retraçant les récits de « l’invention de Simon Leys » et de la « découverte de Prosper Giquel » dans leur contexte, l’intervention de René Viénet incarnera une appréhension du monde chinois où se mêlent le savant et le pragmatique, faisant méthode de la polémique avec des amis et des ennemis choisis. C’est avec cette forme contemporaine de « disputatio », par une des grandes signatures des Langues O’, que s’ouvre le nouveau cycle de conférences de la Fondation inalco intitulé « Les Orientalismes, chemin faisant ».

René Viénet - éléments biographiques (309.44 Ko, .pdf)