La culture et l’ethnicité comme objet de négociation ? : le cas en Indonésie et en Corée du Sud

Autour de l'ethnicité en Indonésie et en Corée du Sud.
image d'un marché en asie du sud-est
Photo de terrain © Jacob Nerenberg‎

Séminaire de recherche croisé en collaboration avec l’équipe de Migrations en Asie, migrations d’Asie (IFRAE) et le groupe de recherche PopAsiE (CERI Sciences Po Paris).

Responsable du séminaire : Hui-yeon Kim
Équipe d’organisation : Hélène Le Bail, Yusuke Kunitomo, Oumrati Mohamed, Aki Yoshida, Hui-yeon Kim.

Chair : Hui-yeon Kim (Maitresse de conférences à l’Inalco, rattachée à l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (IFRAE, UMR 8043) et affiliée à l’Institut Convergences Migrations)
Discutant : Asuncion Fresnoza-Flot (Chercheuse qualifiée FNRS et maîtresse d’enseignement au Laboratoire d’anthropologie des mondes contemporains (LAMC) à l’Université libre de Bruxelles)

Jacob Nerenberg (Anthropologue, maître de conférences dans le Département d’Anthropologie à Aix- Marseille Université (à compter du 1er septembre 2024) et membre de l’Institut de recherches asiatiques (UMR-7306 IrAsia)


Titre : Migration marchande, autochtonie, et comparaison interethnique en Papouasie occidentale
Résumé : Comment les migrations marchandes transforment-elles les représentations du développement et de la différence ? En Papouasie occidentale, territoire contesté aux limites océaniennes de l’Indonésie, les programmes de développement visant la population papoue autochtone interviennent dans un contexte marqué par des inégalités entre autochtones et nouveaux arrivants. Dans les hauts plateaux, les programmes d’autonomisation autochtone visent à augmenter la capacité des papous de « faire concurrence » avec les négociants originaires de Java, Sumatra et Sulawesi. Ces programmes, et les discours locaux à travers desquels leurs « échecs » sont discutés, sont ancrés dans une comparaison constante entre les rendements économiques des papous autochtones et des nouveaux arrivants. Des comparaisons essentialistes de « culture marchande » (notamment chez les Bugis de Sulawesi) contrastée avec une supposée « culture non-compétitive » des papous autochtones occultent les facteurs structurels qui reproduisent la démarcation ethnique de l’économie locale. Une analyse socio-économique et historique dévoile une intersection de parcours distincts : d’une part, stagnation des marchés d’emploi au Sulawesi (où les aspirations économiques s’orientent vers le négoce en Papouasie) et de l’autre, déplacement de l’agriculture paysanne papoue au profit d’une dépendance sur les décaissements de rentes provenant de l’extraction des ressources naturelles. Les débats locaux sur le développement projettent le couplet comparatif autochtone vs nouvel arrivant au-delà de ses référents ethniques, et soulèvent la question du lien entre quête de la prospérité et rattachement au territoire.


LEE Jung-min (Doctorante en anthropologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et rattachée à l’IMAF (Institut des mondes africains)


Titre : La construction de l’identité des femmes migrantes par le mariage international lutte contre leur représentation stéréotypée à travers les médias
Résumé : Les mariages internationaux ont engendré de nouveaux problèmes sociaux, tels que l’escroquerie matrimoniale, la violence conjugale et la marginalisation des femmes migrantes. Ces problèmes ont été continuellement évoqués dans les médias, ce qui a entraîné la propagation de préjugés sur ces mariages internationaux. L’amélioration de la compréhension de ce multiculturalisme a été demandée. En réponse à cette question, des solutions ont été élaborées et proposées, mettant l’accent sur ces femmes. Les médias ont mis en avant la femme migrante lors de leurs productions afin qu’elles puissent servir d’outil pour améliorer la compréhension du multiculturalisme et ses fonctions positives. Cependant, cette figure des femmes a été stéréotypée.
En menant une observation participante, j’ai remarqué que certains types de représentations stéréotypées par les médias affectent la vie réelle des femmes migrantes par le mariage, en limitant ainsi la représentation de leurs identités et celle de leurs enfants, en se focalisant sur les problèmes plutôt que sur leurs qualités. Il serait intéressant d’analyser comment ces stéréotypes influencent les femmes migrantes dans la construction de leurs identités en Corée du Sud, ce qui pourrait avoir un impact sur la construction de l’identité culturelle de leurs enfants. Ici, nous pouvons poser les questions suivantes :Pourquoi une discussion négative est-elle associée aux femmes migrantes ? Quelles sont les attentes de la société coréenne à l’égard de ces femmes migrantes ? Comment sont-elles représentées dans les médias ? Ces images sont-elles réalistes ? Quelle est l’influence de ces images sur la vie réelle de ces femmes ? Quelle est leur identité au milieu de ces préjugés ? Dans cette présentation, en analysant les images des femmes représentées à la télévision et les données recueillies lors des entretiens avec cinq femmes migrantes ayant contracté un mariage, nous allons répondre à ces questions pour étudier la construction d’identité des femmes migrantes par le mariage dans leurs vies réelles, et leur lutte contre la représentation stéréotypée de ces femmes.