Journée des études ouïghoures décoloniales

Explication du projet
Aujourd’hui, et depuis 1949, la Région ouïghoure est intégrée à la République populaire de Chine (RPC). Les populations autochtones, appartenant majoritairement à des groupes turciques dont le plus important est les Ouïghour-e-s, vivent sous occupation chinoise depuis bientôt un siècle. Or, dans les publications académiques et journalistiques, ces peuples sont souvent définis comme des « minorités chinoises » ou des « groupes ethniques de la Chine », et leur territoire autochtone apparait presque systématiquement sous le nom de « Xinjiang », allant parfois jusqu’à des formulations telles que « le Xinjiang de la Chine » ou « région frontalière de la RPC ». La minorisation et l’asservissement à l’œuvre dans le projet colonial chinois se propage à travers des publications et des présentations à l’international, y compris par des personnes « bien intentionnées » qui se positionnent pour défendre les droits des Ouïghour-e-s.
Très souvent, dans le milieu universitaire, l’utilisation du terme « Xinjiang » pour nommer la terre des Ouïghour-e-s est défendu car il est supposément plus « objectif » et « neutre » que les termes Région ouïghoure ou Turkestan oriental. Il n’y a cependant rien de neutre dans le fait d’utiliser un terme chinois qui signifie littéralement « nouvelle frontière » ou « nouveau territoire » pour nommer un territoire qui fait géographiquement partie de l’Asie centrale, qui a été violemment conquis à plusieurs reprises par des régimes basés en Chine, et dont la population turcique autochtone subi aujourd’hui un génocide aux mains des autorités coloniales. Dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, le monde universitaire révèle la colonialité qui lui est intrinsèque, et pointe à la domination qu’elle exerce dans ses efforts pour maintenir le statuquo colonial.
Cette journée est destinée aux masterant-e-s et doctorant-e-s en sciences humaines, sociales et/ou politiques ainsi qu’en journalisme qui s’intéressent à la question ouïghoure. Nous proposons trois interventions décoloniales et/ou anticoloniales de figures clefs des études ouïghoures, Dilnur REYHAN (enseignante-chercheuse autochtone à l’INALCO et Sciences Po, présidente de l’Institut ouïghour d’Europe), Léo MAILLET (chercheur non-autochtone à l’Université de Genève) et Sonya IMIN (chercheuse autochtone à l’Université libre de Bruxelles), dont la présentation sera interprétée en français par Eleanor HART (chercheuse non-autochtone, membre de l’IODE).
Programme
9h30 - 10h00 : Accueil des étudiant-e-s, présentations
10h00 - 11h00 : « La minorisation des colonisé.e.s et ses conséquences : le cas ouïghour », par Dilnur REYHAN (CERMOM, Cetobac, IODE)
11h00 - 12h00 : Discussions avec les étudiant-e-s, réponse aux questions
Pause déjeuner
14h00 - 15h00 : « Enquêter auprès de la société ouïghoure, en RPC et en diaspora : risques, enjeux et point de vue situé », par Léo MAILLET (Unige, Cetobac)
15h00 - 15h30 : Discussions avec les étudiant-e-s, réponse aux questions
Pause-café
16h00 - 17h30 : Seeing Matters : Visualities and Positionalities in a Uyghur Context, par Sonya IMIN (ULB), interprétée par Eleanor HART (IODE)
17h30 - 18h00 : Discussions avec les étudiant-e-s, réponse aux questions