Se chauffer à l’Inalco à travers les siècles

15 mai 2023

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Avec l’arrivée de l’hiver, la question du chauffage des salles de classe nous tenaille. Le problème n’est pas neuf, il se posait déjà à l’époque de l’installation de l’école au 2 rue de Lille. Le chauffage est d’une importance cruciale à cette époque de transformation des locaux de l’École des langues orientales. En effet, les bâtiments sont si fragiles que des écarts de température trop importants pourraient entraîner des dégâts dangereux.
Chauffage à l'air chaud par calorifère, Nouvelle encyclopédie pratique du bâtiment et de l'habitation. Volume 10, René Champly, 1910-1914
Chauffage à l'air chaud par calorifère, Nouvelle encyclopédie pratique du bâtiment et de l'habitation. Volume 10, René Champly, 1910-1914 © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France‎

L’architecte d’État, Louis Faure Dujarric, prévoit dès les premiers projets de travaux un budget alloué aux travaux de fumisterie qui comprend notamment l’installation temporaire d’un calorifère à eau (ancien nom des radiateurs) et un système de chauffage provisoire combinant des poêles à charbon et des radiateurs pour combattre le froid et l’humidité.

L’installation du calorifère servirait notamment à protéger la bibliothèque qui doit occuper une partie du 2 rue de Lille. En effet, la grande humidité qui règne dans les magasins du rez-de-chaussée met en danger les ouvrages rares. Pour Faure Dujarric, les poêles ne suffisent pas et l’architecte insiste dès 1883 pour qu’un calorifère soit installé rapidement afin d’éviter des dommages trop sérieux pour les collections de l’école¹.

Lettre de Louis Faure Dujarric adressée au ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, 29 juin 1888
Lettre de Louis Faure Dujarric adressée au ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, 29 juin 1888 © Archives nationales de Pierrefitte‎

Cependant, la bibliothèque n’est pas la seule pièce qui pose problème de ce point de vue. Comme le signale une lettre adressée au ministre de l’Instruction publique, en 1888, « rien n’est prévu pour le chauffage des salles de cours, de la salle d’étude et de la salle du conseil dans l’ancien bâtiment »². En 1902, bien que la majorité des travaux soient achevés depuis presque dix ans, l’architecte est encore sollicité pour remettre en état les calorifères à eau chaude de l’école avant l’hiver³.
La question se repose presque un demi-siècle plus tard, en 1942, quand l’administrateur des langues orientales demande au Préfet l’autorisation de préparer les travaux en vue du raccordement de l’école au réseau de chauffage urbain⁴. Ainsi de 1873 à 2023, la lutte contre le froid dans nos locaux continue à échauffer les corps et les esprits.
  
¹ État des dépenses dressé par Louis Faure Dujarric, 1883, F/21/5971, Archives nationales de Pierrefitte.
² Lettre adressée au ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts du 6 juin 1888, F/21/5971, Archives nationales de Pierrefitte.
³ Lettre de Louis Faure Dujarric au ministre de l’instruction publique du 24 septembre 1902, F/21/5972, Archives nationales de Pierrefitte.
⁴ Lettre de l’administrateur au secrétaire d’État à l’Éducation Nationale du 16 juillet 1942, F/*/17/14586, Archives nationales de Pierrefitte.