Elise Voyau, lauréate du prix solennel de thèse de la chancellerie des universités de Paris 2024

29 octobre 2024
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La Chancellerie des universités de Paris a annoncé les lauréats des prix solennels de thèse 2024. Elise Voyau, postdoctorante à l'université des langues étrangères de Tokyo, a été récompensée dans la discipline Lettres et sciences humaines « toutes spécialités » pour sa thèse « Photographies à vendre ! » Redéfinir le radicalisme en photographie après 1968, le cas japonais de Workshop shashin gakkō (1974-1976).
Cérémonie de remise des prix de la Chancellerie des universités de Paris 2024
Isabelle Prat (rectrice déléguée ESR), Elise Voyau (lauréate), Bernard Beignier (recteur de l'académie de Paris et Chancelier des Universités) et Jean-François Huchet (président de l'Inalco) © Chancellerie des universités de Paris - Sylvain Lhermie‎
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Postdoctorante à l’université des langues étrangères de Tokyo, Élise Voyau est spécialiste de l’histoire de la photographie au Japon. C’est après un cursus d’histoire de l’art à l’École du Louvre puis d’études japonaises à l’université Paris Cité qu’elle se spécialise dans la photographie japonaise et commence un doctorat à l’Inalco sous la direction de Michael Lucken. Après des séjours de recherche à l’université de Tokyo et l’université de Waseda, elle a enseigné à l’Inalco pendant deux ans en tant qu’attachée temporaire d'enseignement et de recherche (ATER).

Sa thèse a également reçu le prix Shibusawa Claudel 2024 en juillet dernier.

« Photographies à vendre ! » Redéfinir le radicalisme en photographie après 1968, le cas japonais de Workshop shashin gakkō (1974-1976)

Le sujet à l’étude dans cette thèse est l’école de photographie indépendante Workshop, fondée à Tokyo en 1974 par six photographes, qui sont aujourd’hui parmi les plus connus de la scène japonaise : Tōmatsu Shōmei, Moriyama Daidō, Araki Nobuyoshi, Hosoe Eikō, Fukase Masahisa et Yokosuka Noriaki. L’analyse des travaux de ces photographes sur leur période d’activité commune, mais aussi des textes théoriques produits autour de ces œuvres, apporte un éclairage nouveau sur le paysage artistique post-1968. Workshop montre que, après la fin des mouvements contestataires, vécus comme un échec, les années 1970 ont été un lieu d’expérimentations et de négociations féroces. En effet, alors que la photographie japonaise est surtout connue pour sa production imprimée (de livres et de revues), les photographes de Workshop se démarquent par leurs activités d’expositions. Ils organisent surtout, en 1976, l’exposition « Photographies à vendre », qui promeut le développement du marché de tirages originaux, afin de faire entrer la photographie sur le marché de l’art contemporain. Cette initiative a rencontré une critique virulente de la part des héritiers de la gauche contestataire. Ils accusent les photographes de Workshop de renoncer à une forme de radicalisme à la japonaise, qu’ils avaient pourtant contribué à développer dans les années 1960.  Dans ces débats, la photographie incarne alors une tension entre d’un côté les théories qui l’avaient investie du pouvoir de subvertir les notions d’œuvre et d’original, et de l’autre un modèle de marché de l’art importé des États-Unis, que les artistes finissaient par adopter comme un compromis inévitable.

Chaque année, la Chancellerie des universités de Paris décerne des prix provenant des revenus de dons et de legs consentis à l'ancienne université de Paris ou à certains établissements d'enseignement supérieur d'Île-de-France. Ces prix décernés à des docteurs ont pour finalité d'en récompenser l'excellence et la valeur universitaire et scientifique.