Disparition de Christophe Balaÿ, spécialiste de littérature et traduction persane

30 janvier 2023

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Bougies allumées
Bougies allumées © Hakan Erenler / Pexels‎
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C'est avec une très grande tristesse que nous avons appris le décès de notre collègue Christophe Balaÿ (1949-2022) qui nous a quittés le 31 juillet dernier, à l’âge de 72 ans, des suites d’une longue maladie. 

 

Comparatiste de formation, il a été tour à tour professeur de persan à l’Inalco, directeur de l’Institut Français de Recherche en Iran et Vice-président à la recherche de l’Inalco.

 

Parallèlement à l’écriture d’une thèse de littérature comparée à l’Université de Nanterre consacrée aux contes persans traduits par l’orientaliste Petis de la Croix (sous le titre « Le sage et les Milles et un jours de F. Petis de La Croix ») et soutenue en 1979, Christophe Balaÿ se forme en persan à l’Inalco.

 

Il réside à Téhéran comme chercheur à l’Institut français d’Iranologie de la 1979 à 1983, au moment où l’Iran, après la révolution, est plongé dans la guerre Iran-Irak. Les circonstances difficiles ne l’empêchent pas de poursuivre des recherches en littérature persane moderne qui donnent naissance à une étude pionnière sur le genre de la nouvelle en Iran, mettant notamment en lumière le rôle joué par le chroniqueur satiriste Dehxoda. Elle est publiée en collaboration avec Michel Cuypers sous le titre Aux sources de la nouvelle persane (Paris, Editions recherches sur civilisations, 1983).

 

À son retour en France, il s’engage dans une thèse de doctorat d’État menée sous la direction de Charles-Henri de Fouchécour, consacrée, cette fois, au genre du roman et soutenue en 1988. Il commence son enseignement à l’Inalco un an plus tard, succédant à celui qu’il appellera toute sa vie son « maître », et publie à un an d’intervalle le premier manuel de persan à donner une place à l’enseignement de la langue courante, Manuel de persan, le persan au quotidien avec Hossein Esmaili (Asiathèque, 1997) et La genèse du roman persan moderne (Téhéran/ Paris, Institut Français de recherche en Iran, 1998). Cette étude, également pionnière, est menée à partir des préfaces des romans les plus importants de la fin du 19e siècle et du début du 20e.

 

Il revient ensuite à l’Institut Français de Recherches en Iran, cette fois pour le diriger de 1998 à 2003. À son retour, il reprend la direction de la section persane de l’Inalco et s’investit dans le développement des études littéraires comparatistes et de la traduction. Il fédère durant quelques années une équipe de chercheurs en littératures du monde et participe notamment à la création d’un Master consacré à ces deux disciplines, LITTOR (2010-2014). Vice-président du Conseil scientifique aux côtés de Gilles Delouche, il dirige ensuite l’École doctorale de 2010 à 2011 et met sa rigueur et sa très grande intégrité au service de la recherche au sein de l’Inalco jusqu’à sa retraite en 2014.

 

Il publie deux ouvrages témoignant de sa préoccupation de transmettre son expérience : Les Lectures persanes, en collaboration avec Amir Moghani (Asiathèque, 2015),  où il propose la traduction d’extraits des textes les plus significatifs de la littérature iranienne accompagné d’une réflexion sur l’évolution de cette prose de la fin du 19e au 21e siècle, puis La crise de la conscience iranienne. Histoire de la prose persane moderne (1800-1980) (Paris, Harmattan, 2017), première histoire de la littérature moderne persane parue en France, qui contribue à asseoir dans le champ des études iraniennes une discipline trop longtemps minorée.

 

Pressé par le temps, il consacre alors tout son temps à la traduction : on lui devait déjà des traductions de Sâdeq Hedâyat, Zoyâ Pirzâd, Faribâ Vafi, Houchang Golshiri, il y ajoute les noms de Shahrnoush Pârsipour, Ghâzi Rabihâvi et de plumes plus jeunes comme Zahrâ Abdi et Nasim Marachi.

 

Une nouvelle traduction de Ghâzi Rabihavi est parue chez Serge Safran en août et une autre de Nasim Marachi paraîtra très prochainement chez Zulma, qui nous permettront d’entendre encore résonner sa voix.