Conférence « Mandchou - Formation et extinction d’une langue impériale. Mille ans de géopolitique et de linguistique entre les fleuves Amour et Ili »
Nicolas Fondraz a travaillé pour le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Il a occupé, jusqu'en 2022, les fonctions de directeur des Relations institutionnelles internationales de TotalEnergies. Il a été en poste à Pékin, à Singapour, à Luanda et à Moscou. Il est actuellement président de l'Association technique énergie environnement (ATEE) et a pour loisir la traduction de textes chinois et manchous.
Nicolas Fondraz est un ancien élève de l’Inalco (chinois).
La conférence « Mandchou - Formation et extinction d’une langue impériale. Mille ans de géopolitique et de linguistique entre les fleuves Amour et Ili »
Cette conférence explorait l’étonnant destin du mandchou. Comment la langue d’une petite population toungouse vivant le long du fleuve Amour est devenue la langue de l’empire Qing, la dernière dynastie chinoise, avant de disparaître en Mandchourie pour ne survivre qu’au sein d’une minorité nationale de la République populaire de Chine, dans le Xinjiang, le long du fleuve Ili, à la frontière du Kazakhstan.
En effet, Nicolas Fondraz rappelle que la dernière dynastie ayant administré l’empire chinois, celle des Qing (1644-1912), était mandchoue. Si cette ethnie a réussi à rester au pouvoir pendant plusieurs siècles, son héritage culturel et linguistique aurait dû laisser plus de traces dans la chine contemporaine. Pourtant, malgré son statut de langue officielle de l’Empire chinois, accompagnant les conquêtes militaires et la diplomatie, -les traités définissant les frontières entre la Chine, la Russie et la Mongolie sont rédigés en manchou et non en chinois-, le mandchou s’efface progressivement parmi les Mandchous de Chine comme langue orale pour ne subsister que comme une langue administrative écrite jusqu’à la fin de la dynastie. Les Mandchous, en minorité dans l’Empire le plus peuplé du monde -on compte un Mandchou pour 350 Chinois à l'époque- se sinisent. A la cour la langue cesse d'être parlée au milieu du 19ème siècle siècle. Même le territoire historique mandchou se sinise à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Alors aujourd’hui que reste-t-il des Mandchous ? Nicolas Fondraz explique "Il reste une minorité nationale, les Xibe, qui vivent actuellement au Xinjiang et qui sont les descendants des mandchous".