Communiqué de la Présidence de l’Inalco suite à des articles de presse concernant les répercussions de la situation au Proche-Orient au sein de l’établissement
Institut
Cette série d’articles, initiée par le JDD dans son édition du 29 décembre, puis reprise par CNews et Valeurs Actuelles le 31 décembre, laisse entendre que l’établissement laisserait prospérer entre ses murs l’antisémitisme, sur fond de tensions liées au conflit israélo-palestinien. Les auteurs de ces articles et reportages, de même que les commentateurs interrogés, qui ne connaissent pas l’établissement, n’ont recoupé leurs informations ni auprès de la Présidence de l’Inalco, ni auprès de son Département d’études hébraïques et juives. Ce procédé relevant de la déontologie journalistique la plus élémentaire aurait permis d’éviter les nombreuses inexactitudes qui parsèment ces articles, induisent le public en erreur et nuisent par conséquent gravement à la réputation de l’établissement.
Face au ressenti légitime de certains étudiants qui, dans un contexte international et national sensible, ont exprimé un sentiment d’inquiétude face au risque d’importation du conflit israélo-palestinien et de dérives antisémites, l’Inalco a régulièrement affirmé une position sans ambigüité, rappelant dès le 11 octobre 2023 la nécessité de « ne pas céder à la tentation d'une importation des termes du conflit au Proche-Orient » et soulignant par ailleurs que « l'apologie du terrorisme, l'incitation à la haine, à la violence, l'antisémitisme et le racisme sont interdits par la loi et assortis de lourdes sanctions ». Quel que soit le contexte, l’établissement favorise l’exercice de la liberté d’expression dans le cadre de la loi, le respect de l’intégrité et de la sécurité de chacun. La direction de l’établissement a également régulièrement rappelé les coordonnées de ses référents en charge de la prévention, du harcèlement, et de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. L’Inalco est enfin, comme toutes les universités, doté d’une équipe chargée de la sécurité de l’établissement veillant quotidiennement à la sécurité de chacun.
En qualifiant de « rappel à l’ordre (…) tardif » le communiqué diffusé le 23 décembre par l’établissement, appelant au respect de chacun et dénonçant les incidents survenus durant la campagne pour les élections étudiantes, l’article du JDD ignore l’envoi de deux précédents communiqués (11 octobre 2023 ; 13 mai 2024), de rappels à l’ordre réguliers, et plus largement toutes les mesures adoptées par l’établissement, de manière proportionnée aux situations et aux moyens disciplinaires et juridiques existants. Il ignore également les mesures mises en œuvre par l’établissement en matière de lutte contre l’antisémitisme comme contre toute forme de discrimination, les dispositions visant à garantir la sécurité des usagers, ou encore le nettoyage systématique des inscriptions et affichages politiques ne respectant pas les règles et espaces prévus à cet effet.
Sans vérifier ses informations, l’article évoque pêlemêle une « assemblée générale » (aucune assemblée générale de cet ordre n’a été autorisée au sein de l’établissement), des graffitis « sur les murs » (toute inscription est effacée en 48h), des distributions de tracts (autorisées par le régime de la liberté d’expression et de la liberté syndicale, interrompues lorsqu’elles contreviennent à ce cadre légal) et les tensions entre étudiants dans le cadre de la récente campagne électorale (les faits ont immédiatement donné lieu à des convocations et sont en cours d’instruction). Contrairement à ce qui est laissé entendre dans d'autres médias, aucune agression physique n’est à déplorer en dehors d’un épisode d’arrachage de tracts, qui a donné lieu aux poursuites nécessaires. Les étudiants ayant exprimé des inquiétudes ont été reçus, à plusieurs reprises, pour leur proposer des solutions visant à assurer la sérénité de leurs études. Lorsque la situation le commandait, des dépôts de plainte ont été accompagnés. Lorsque cela était approprié, l’établissement a également mis en œuvre des suites juridiques, qu’il ne convient pas de commenter publiquement.
Dans un souci de maintenir un climat serein, où prévalent le respect mutuel, la tolérance et le dialogue, l’Inalco a enfin adressé à sa communauté un mail annonçant la mise en place de nouvelles mesures à l’issue des congés de fin d’année, dans un but d’apaisement.
Il est donc faux de laisser entendre, en évoquant au présent des éléments circonscrits dans le temps, que l’établissement aurait laissé proliférer une quelconque situation d’antisémitisme – ni, plus largement, qu’il laisserait cours à des intimidations liées à la situation géopolitique. Il est également trompeur d’ignorer qu’il a en ce sens une démarche proactive.
Rappelons que l’Inalco accueille 9000 étudiants et conduit des recherches et enseignements sur plus de 106 langues et régions du monde. En son sein coexistent notamment les plus importantes formations de France et d’Europe en langues et civilisations arabes, et hébraïques et juives. S’il était fort peu probable que l’établissement soit épargné par les répercussions du conflit, force est de constater qu’il n’a jusqu’à présent pas connu, de situation de blocage ou d’entrave à l’exercice de sa mission de service public. Loin d’être tabou, le conflit israélo-palestinien est abordé dans les programmes d’enseignement et activités scientifiques régulières de l’Inalco. De nombreux universitaires, israéliens, palestiniens ou libanais, sont régulièrement invités au sein de l’établissement qui entend continuer à faire vivre les partenariats académiques qu’il entretient dans l’ensemble de la région. Les cours, séminaires et manifestations scientifiques permettent aux désaccords de s’exprimer dès lors que les propos tenus sont inscrits dans le cadre de la loi et contextualisés par une analyse scientifique.
C’est précisément parce que ce conflit, au même titre que de nombreuses tensions internationales, constitue l’un des sujets auxquels l’Inalco s’efforce d’apporter une compréhension détaillée et contextualisée, que les tentatives de simplification dont il fait l’objet n’ont jusqu’à présent rencontré qu’une adhésion minimale. Nous attachons une grande importance à la responsabilité qui découle de cette position unique dans le paysage de l’enseignement supérieur français et de la diversité qui caractérise notre établissement. La direction et les services de l’établissement œuvrent quotidiennement pour que cette diversité demeure une richesse et une force.