Colloque international « La preuve imaginaire : Asseoir l’authentique dans les sciences sociales », les 17 et 18 novembre, en distanciel

14 octobre 2022
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L’histoire des sciences sociales peut être appréhendée comme une mise en tension des deux points de vue : la vérité de soi et la vérité de l’autre sur soi. Ce colloque souhaite revisiter l’histoire des sciences sociales de la culture – anthropologie, ethnographie, sociologie, histoire, philosophie – en examinant les différentes modalités par lesquelles chacune administre la preuve d’authenticité.
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Manuscrit © Musée National du Paysan Roumain, Bucarest (Roumanie)‎
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Colloque international organisé par le centre de recherche Pluralité des Langues et des Identités : Didactique – Acquisition – Médiations-PLIDAM (Inalco, Paris), l'Institut d’histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine (Bucarest), le Musée National du Paysan Roumain (Bucarest), l'Université de Bucarest, Faculté d’Histoire (Bucarest), la Revue Ethnologie française (Paris), et le Centre de recherche sur les Cultures et les Littératures Européennes-CERCLE (Université de Lorraine).

Jeudi 17 et vendredi 18 novembre 2022 - en distanciel
Horaires :
Jeudi 17 novembre : 09:00-17:30
Vendredi 18 novembre : 10:00-18:00
Inscription gratuite et obligatoire.

La preuve imaginaire : Asseoir l’authentique dans les sciences sociales. Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie

Imaginary Evidence: Establishing the authenticity in the social sciences. Imaginary proof and “the fake” in ethnology

De nos jours, dans son acception ordinaire et savante, l’adjectif « authentique » désigne « l’être dans sa vérité propre », « en adéquation avec lui-même ». Le terme provient du grec authentes, « qui agit de sa propre autorité ». Comme on peut l’observer, son étymologie met l’accent sur l’idée d’une action ou d’un mode d’existence qui va de soi ; se révèle ainsi la forte association entre l’authenticité personnelle ou collective et l’identité réalisée (Boyarin 2019).

Mais « être soi-même » est une question qui suppose un double positionnement : « se regarder » ou « être regardé », « s’évaluer soi-même » et « être évalué », « se classer soi-même » ou « être classé ». Double taxinomie, double administration de la preuve, double assise de la vérité. 

L’histoire des sciences sociales peut être appréhendée comme une mise en tension de ces deux points de vue : la vérité de soi et la vérité de l’autre sur soi. Ce colloque souhaite revisiter l’histoire des sciences sociales de la culture – anthropologie, ethnographie, sociologie, histoire, philosophie – en examinant les différentes modalités par lesquelles chacune administre la preuve d’authenticité.

La construction de la preuve sera appréhendée dans sa dimension historique et contextuelle. On interrogera notamment la constitution des archives ethnographiques, de collections muséales, de collections manuscrites, comme dépositaires de l’authenticité culturelle. La sélection des éléments archivés ou collectionnés, la critique de leur matérialité, l’analyse historico-critique et philologique des textes suivent des protocoles variés en fonction du lieu et de l’époque. Les Lumières n’ont pas les mêmes critères que le Romantisme, ou la Renaissance. De même, l’episteme qui met un point d’honneur à « débusquer le faux » (Copeman 2018) est remise en question par le tournant ontologique (Latour, Holbraad, Pedersen, Viveiros de Castro 2014) qui admet une pluralité des modalités de la preuve.

Si l’authentique est difficile à asseoir, le faux est de son côté ambivalent. Dans certains contextes, il est considéré comme « une copie qui ne cache pas sa vraie nature », « une approximation de la chose » par contraste avec « la chose dans sa plénitude » (Crăciun 2012). On examinera donc la portée du faux, de l’inauthentique, de l’illusion et de la contrefaçon, des phénomènes loin d’être univoques et dont la valeur « révélatrice de vérité » est mise en avant par de nombreux chercheurs (Copeman, da Col 2018).

Outre les questions déjà évoquées, ce colloque propose également de s’interroger sur les usages politiques du vrai et du faux dans la construction de l’authenticité, notamment dans le contexte des pays ayant connu une modernité tardive ; le rôle des media – de l’imprimerie aux réseaux sociaux – dans l’assise de l’authentique ; la canonisation de l’authentique grâce aux actes de collecte documentaire et aux institutions dédiées à leur conservation – archives, musées, UNESCO ; les enjeux de la preuve spécifiques à chaque discipline ; la marchandisation de l’authentique.  

Organisateurs :
Madalina Vartejanu-Joubert, PLIDAM, Inalco, Paris
Corina Iosif, PLIDAM, Musée National du Paysan Roumain, Bucarest
Maria Pakucs, Institut d’histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine, Bucarest
Ecaterina Lung, Université de Bucarest, Faculté d’Histoire, Bucarest
Nicolas Adell, Revue Ethnologie française, Paris
Didier Francfort, Centre de recherche sur les Culture et les Littératures Européennes, Université de Lorraine