Regards sur l’école au Japon (partie 2) : rapports de pouvoir

Cinquième séance du Séminaire du groupe Éducation, Enfance-s et Société en Asie Orientale.
Une salle de classe japonaise.
Une salle de classe japonaise. © © C. Lévi Alvarès‎

Claude Lévi Alvarès, professeur émérite, université de Hiroshima
« Pouvoirs dans l’école au Japon »

Les relations entre directives nationales et pratiques locales ne sont jamais transparentes. Les acteurs éducatifs, et en particulier les enseignants, ne se contentent pas de transmettre mécaniquement les politiques publiques, mais ils ne disposent pas non plus d’une autonomie inconditionnelle.
Dans les années 1980, les rapports de sujétion entre établissements scolaires et administrations de tutelle formaient un système complexe, stratifié et non uniforme à l’échelle nationale : ministère, comités d’éducation départementaux et municipaux, surintendants, maires, chefs d’établissement et adjoints, enseignants encore fortement syndiqués, ainsi que parents d’élèves, intervenaient chacun selon leurs logiques, produisant des « arrangements » locaux dotés d’une réelle spécificité.
Quarante-cinq ans plus tard, les marges de jeu de ces acteurs semblent s’être transformées. Leur rétrécissement est fréquemment évoqué, mais il importe de s’interroger sur la nature exacte de ces évolutions : diminution réelle, recomposition, déplacement, diversification des modes d’exercice du pouvoir ?
C’est cette interrogation – et particulièrement ce qu’elle implique pour l’autonomie professionnelle des enseignants – qui constituera le cœur de notre réflexion.