Le Classique du thé
Résumé de l’ouvrage
Lu Yu (733-804), auteur du Classique du thé, nous y décrit un art de vivre autour de cette boisson d’un raffinement insoupçonné. Il distingue neuf éléments primordiaux : la fabrication du breuvage, la sélection de la plante, les ustensiles employés, le choix du combustible, celui de l’eau, le séchage, la réduction en poudre, la cuisson et la dégustation. Il parcourut les principales régions de production du thé en Chine pour recueillir des informations autour de cette plante et faire un classement des meilleurs plants, s’adonnant à une critique des qualités de thé qui n’a rien à envier aux oenologues dans le domaine du vin.
À l’époque de Lu Yu, poésie, peinture, musique et dégustation du thé sont déjà et le deviendront encore plus après lui, des voies de développement spirituel. Influencé par son meilleur ami Jiaoran, un célèbre poète et moine Chan/Zen et ayant été lui-même élevé dans un monastère Chan, Lu Yu nous présente aussi le thé comme une Voie vers l’éveil et participe à la diffusion de cette boisson tant appréciée des lettrés, comme le montre notamment ce vers de Wang Wei (699-761) : « Une tasse de thé ! Je revis ! »
La préparation du thé selon Lu Yu était fort différente de la mode actuelle par infusion des feuilles. Elle est décrite avec nombre d’images très poétiques qui font référence à des animaux ou des plantes et montrent le grand sens d’observation du monde végétal de Lu Yu. Ce texte a exercé une influence considérable, non seulement en Chine même, mais aussi au Japon et en Corée.
Conférence organisée sous l'égide de la Fondation Inalco.
Catherine Despeux, désormais professeur honoraire, a été professeur des universités à l’Inalco, département des études chinoises. Elle est spécialiste des techniques du corps et de la culture de soi dans le taoïsme, la médecine traditionnelle chinoise et le bouddhisme. Ses travaux de recherche ont porté aussi sur les rapports entre médecine, société et religion dans la Chine médiévale, avec les études notamment de manuscrits médicaux retrouvés à Dunhuang, études publiées dans un ouvrage collectif qu’elle a dirigée, Médecine, religion et société dans la Chine médiévale (Paris, Collège de France, 2010). Elle a exploré également l’histoire des femmes dans le taoïsme et les pratiques qui lui sont spécifiques.
Lu Yu (733-804), recueilli dans un monastère de Jingling (Hubei), reçut une éducation bouddhique et lettrée. Quittant le monastère vers l’âge de 12 ans pour mener une vie de saltimbanque, il fut vite remarqué pour ses talents divers par de hauts fonctionnaires et hommes de lettres. À 22 ans, lors de la révolte d’An Lushan, il émigra vers le sud à Wuxing (actuel Huzhou, Zhejiang) et mena une vie érémitique et itinérante, tournant autour de sa passion pour le thé. Protégé par le célèbre calligraphe et lettré Yan Zhenqing, il fréquenta de grands poètes. Il mourut en 804 et fut enterré dans un monastère près de Wuxing.