Exister dans la société japonaise (partie 2) : l’inclusion des plus jeunes
Anne-Lise Mithout, maîtresse de conférences, université Paris-Cité
« Grandir sans soutien familial : les jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance au Japon »
L’aide sociale à l’enfance prend en charge les enfants qui ne peuvent pas vivre avec leur famille. Aujourd’hui, la plupart de ces enfants ne sont pas orphelins, mais ils font l’objet de mesures de placement en raison de difficultés liées à leur foyer familial (difficultés économiques ou problèmes de santé des parents, situations de maltraitance, etc.). Ils sont alors accueillis soit en famille d’accueil (satooya), soit en institution (jidô yôgo shisetsu). Mais comment les dispositifs de protection sociale accompagnent-ils ces jeunes ? Dans quelle mesure pallient-ils le désavantage social lié à l’absence de soutien familial ou, à l’inverse, génèrent-ils de nouvelles formes de désavantage ?
Cette présentation s’appuie sur une enquête de terrain menée en 2025. Elle montrera que le secteur de l’aide sociale à l’enfance connaît des transformations majeures ces dernières années, visant à rapprocher les dispositifs de prise en charge d’un cadre « familial » idéalisé, mais que les inégalités demeurent nombreuses entre les enfants placés et les autres enfants.
Natsuki Kawasaki, doctorante (Inalco-IFRAE), université Toulouse-Jean Jaurès
« Entre autonomie locale et garanties nationales : prise en charge des élèves en difficulté linguistique et culturelle dans l’arrondissement de Meguro dans le contexte de la décentralisation éducative »
L’objectif de cette présentation est d’analyser la manière dont, dans le cadre de la décentralisation éducative au Japon, les élèves en « Difficulté Linguistique et Culturelle » (DLC), identifiés comme « ayant besoin d’un enseignement de japonais », sont pris en charge au niveau local. Depuis les années 1990, les réformes de décentralisation et de réorganisation des finances publiques ont accru la marge de manœuvre des collectivités territoriales pour l’organisation concrète de l’action éducative, tout en rendant cette action dépendante de leur capacité financière et de leurs priorités politiques.
Dans une telle situation, l’enseignement du japonais ne peut plus être considéré comme un simple soutien supplémentaire « souhaitable s’il existe », mais comme un service éducatif de base, indispensable pour permettre aux élèves DLC de participer aux cours et d’accéder aux opportunités d’apprentissage de base. Dans cet exposé, il s’agira de montrer dans quelle mesure la possibilité de bénéficier de cet enseignement du japonais est influencée par les différences de dispositifs institutionnels et organisationnels entre collectivités locales.
Nous nous appuierons principalement sur une étude de cas de l’arrondissement de Meguro (Tôkyô). Nous mobiliserons l’analyse de documents publics produits par le comité d’éducation et l’administration locaux, ainsi que des matériaux qualitatifs recueillis auprès d’acteurs impliqués dans l’enseignement du japonais, afin de saisir la logique d’ensemble du dispositif. Au besoin, d’autres collectivités japonaises seront mobilisées à titre de comparaison ponctuelle, dans la mesure où les sources disponibles le permettent.
Les premiers éléments d’analyse suggèrent que, dans un contexte de forte capacité financière et d’engagement affiché en faveur de l’« éducation à la cohabitation multiculturelle », l’arrondissement de Meguro tend à inscrire explicitement l’enseignement du japonais dans ses orientations éducatives et à structurer un dispositif relativement cohérent (postes dédiés, coopération avec des intervenants extérieurs, etc.). Dans le même temps, l’étude met en lumière certaines fragilités propres à un régime décentralisé, liées notamment à la soutenabilité du dispositif, à la prise en charge des situations minoritaires à très faible effectif et à la visibilité politique de ces enjeux. En conclusion, la communication discutera de la manière dont l’enseignement du japonais, envisagé comme service éducatif de base, devrait être réparti entre les différents niveaux de gouvernance (État, départements, communes) afin de concilier marges d’initiative locale et garanties minimales pour l’inclusion éducative des élèves DLC.
Participation en distanciel possible.
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Christian GALAN Voir l'e-mail
Marine DEPLECHIN Voir l'e-mail