Marc Julienne, lauréat du prix de thèse Irondelle 2021
Le prix Bastien Irondelle des thèses a été attribué à Marc Julienne, docteur de l'Inalco en science politique et relations internationales, pour son travail intitulé « Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l’État sécuritaire ».
Marc Julienne est chercheur, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Ses travaux portent principalement sur la politique étrangère et de sécurité de la Chine ainsi que sur sa politique intérieure.
Il est docteur en science politique et relations internationales de l’Inalco. Il a soutenu sa thèse intitulée « Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l’État sécuritaire » le 27 mai 2021. Celle-ci a été réalisée au sein de l'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est (IFRAE/UMR 8043), sous la direction de Jean-François Huchet. Marc Julienne a été allocataire doctoral de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées (2016-2019). A ce titre, il a été doctorant associé à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM, 2016-2019).
Précédemment à ses fonctions actuelles, Marc Julienne a été chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) pendant quatre ans (2015-2019), et chercheur à Asia Centre (2013-2014). Il a également été chercheur invité au Mercator Institute for China Studies (MERICS, Berlin, 2015) et à la Shanghai Academy of Social Sciences (SASS, Shanghai, 2017).
Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l’État sécuritaire
Résumé de la thèse
L’objectif de cette thèse est de comprendre les stratégies antiterroristes chinoises, intérieures et internationales, afin d’analyser ce qu’elles révèlent de la nature du régime politique de la Chine contemporaine. L’approche chinoise du terrorisme et du contre-terrorisme a significativement évolué ces vingt dernières années, et tout particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du secrétaire général Xi Jinping en 2012.
Nous examinons ainsi l’évolution de la réflexion universitaire et du corpus juridique chinois sur le terrorisme, ainsi que le discours politique de sécuritisation qui l’accompagne. Nous explorons ensuite les réponses mises en œuvre par les autorités, de la montée des tensions dans la région du Xinjiang dans les années 1990, aux récentes campagnes antiterroristes et anti-extrémistes, en tentant d’en évaluer les conséquences politiques. Les stratégies antiterroristes sont en outre d’ampleur internationale désormais. Elles visent d’abord à lutter contre des menaces sécuritaires (la protection des Nouvelles routes de la soie par exemple). Elles servent aussi à promouvoir un contre discours aux critiques accusant Pékin de violations des droits de l’Homme au Xinjiang. Enfin, elles visent à neutraliser les diasporas ouïghoures à l’étranger considérées dans leur ensemble comme une menace à la sécurité nationale. Les politiques antiterroristes chinoises, dans leur expression intérieure et internationale, reflètent ainsi la montée en puissance d’un État sécuritaire décomplexé, et en incarnent même le paroxysme. Elles nous donnent à voir et à comprendre la trajectoire d’un régime obsédé par le contrôle, désormais engagé sur une voie néo-totalitaire.