Les Langues O’ pendant la Grande Guerre

15 mai 2023
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Quand la Grande Guerre éclate, l’֤École, qui vient de prendre le nom d'École nationale des langues orientales vivantes (ENLOV), est rapidement mise à contribution. Ainsi, dès le début du mois d’août 1914, l’administrateur général, Paul Boyer, propose d’installer une ambulance ou un hôpital militaire dans ses locaux.
visite du personnel médical aux malades, dans le lycée Janson de Sailly transformé en hôpital
Hôpital Janson de Sailly, la salle n° 2 : Drs Bernelin et Rimbault [visite du personnel médical aux malades, dans le lycée Janson de Sailly transformé en hôpital]. Agence Rol, 1914. © Source : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EST EI-13 (395)‎
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Cette idée est rapidement étudiée et il est estimé que le bâtiment du 2 rue de Lille peut accueillir près de 40 lits répartis sur six salles. D’autres pièces sont également envisagées pour loger du personnel médical. Un travail minutieux d’adaptation des locaux est alors élaboré pour assurer de bonnes conditions de vie aux malades et aux personnes chargées de leur prodiguer des soins. Cette opération s’appuie sur les conseils de membres des hôpitaux de Paris et notamment de Madame Rebecca Boyer, docteur en médecine et épouse de l'administrateur¹.

L’engagement humanitaire de l’institution pendant le conflit dépasse d’ailleurs ce seul projet. En effet, l’École s’investit dans de multiples associations, que ce soit à travers son administrateur (qui est membre avec son épouse de plusieurs œuvres telles que l’Orphelinat des armées ou le Comité de protection et d’éducation des jeunes Français, orphelins de la guerre et autres, résidant à l’étranger), mais aussi par des initiatives propres aux professeurs de l’École qui témoignent des spécificités des missions de l’établissement. A ce titre, il faut remarquer la mise en place le 11 décembre 1914 d’une « Société d’assistance aux blessés militaires musulmans » qui se propose « d’améliorer par des secours, par des visites et par toutes autres manifestations d’intérêt, la situation des blessés musulmans² ».

Lettre adressée au Comité de Secours aux prisonniers Musulmans, 1917, 62AJ/68, Archives nationales de Pierrefitte
Lettre adressée au Comité de Secours aux prisonniers Musulmans, 1917, 62AJ/68, Archives nationales de Pierrefitte © Inalco‎

L’École des langues orientales vivantes a également pris une part active dans la guerre de l’information qui opposait les belligérants. Ainsi, l’institution a été chargée d’évaluer les capacités des interprètes militaires et de prodiguer des conseils sur leurs affectations. Il a aussi été parfois demandé aux professeurs de traduire des communications interceptées par les services de renseignement français, comme le souligne une lettre de Paul Boyer du 24 mai 1918 adressée au chef du bureau slave de l’État-Major de l’Armée³.

A travers ces diverses actions, les Langues O’ ont participé au premier conflit mondial, avec leurs spécificités, leur rapport particulier aux langues et cultures orientales.

Article issu de la série de récits historiques Flâneries dans l'histoire de l'Inalco qui met en lumière, chaque mois, un épisode singulier de l'histoire de l'institut.

Références

¹ Lettre du 8 août 1914, 2010 03 20 / 98, 62AJ/68, Archives nationales de Pierrefitte.
² Déclaration d’association du 11 décembre 1914, 62AJ/68, Archives nationales de Pierrefitte.
³ Lettre de Paul Boyer du 24 mai 1918, 62AJ/69, Archives nationales de Pierrefitte.