Le Master Traduction spécialisée et interprétation au cœur d’une coopération avec le Monde diplomatique : Projet « glossaire et lexique »
Notre organisation de travail
Afin de mener à bien ce prestigieux projet, nous avons travaillé en équipes de deux à quatre membres en fonction de nos langues orientales à savoir le coréen, le polonais, le japonais, le chinois et l’arabe. Léo, seul étudiant en langue russe, et Alice, unique hébraïsante, se sont principalement chargés de la relecture.
Les spécificités de ce projet et les complexités rencontrées
Très rapidement, un constat général s’est dégagé lorsque nous avons entamé cette mission : la relative absence de contexte rendait la tâche délicate et augmentait le risque de contresens. Pour faire face à cette difficulté, nous avons utilisé des outils spécifiques pour chacune des langues et effectué des recherches propres à chaque culture sur lesquelles nous travaillons.
À titre d’exemple, l’équipe d’étudiantes en langue coréenne (Laura, Marina et Megan) a jugé indispensable de recourir à Naver, principale base de données pour cette langue. Elle n’a pas manqué de consulter également des sites coréens (des journaux en ligne majoritairement) pour s’assurer de la bonne terminologie.
Olivia et Sylwia, nos étudiantes en langue polonaise, en ont vite conclus que le choix entre deux traductions possibles pour un même mot est parfois compliqué. Pour éviter au maximum toute ambiguïté, elles ont principalement utilisé Reverso Context ainsi que des bases de données plus spécifiques au polonais telles que PONS ou Glosbe.
Pour nos japonisants, ce projet n’a pas été une mince affaire, et Claire, Janaïna, Mélissa et Toma se sont heurtés à des difficultés certaines. En effet, le français et le japonais sont des langues tellement dissemblables dans leur approche qu’une interface internet peut parfois totalement différer d’une autre. Aussi était-il compliqué, voire souvent impossible, de trouver un équivalent parfait.
Par ailleurs, le sens des mots en japonais repose énormément sur le contexte. Par exemple, le suffixe « -tachi » qui forme le pluriel est peu utilisé car celui-ci se comprend plus souvent par le contexte. De plus, traduire certains mots isolés comme « articles » en utilisant le pluriel ne semble pas très juste sur un site internet japonais. Cependant, il a paru parfois nécessaire aux étudiants de préciser le pluriel afin de marquer la distinction par rapport au singulier, même si la traduction perdait légèrement en naturel et en fluidité.
En outre, l’absence de contexte a également freiné la compréhension de certains termes, avant même d’aller jusqu’à la traduction. Certains mots ou expressions comme « manière de voir », bien que littéralement faciles à traduire, étaient flous pour l’équipe, qui s’est d’ailleurs scindée en deux afin de se répartir le travail pour davantage d’efficacité.
Un autre point délicat, et non des moindres, a été de localiser l’interface en elle-même car certains termes n’existent pas vraiment – ou du moins ne s’appuient pas sur les mêmes représentations. Ainsi, l’expression « pays et zones géographiques » a posé problème, car les divisions géographiques s’effectuent différemment au Japon. Par leurs recherches, les étudiants ont constaté que les journaux japonais opposent « les territoires japonais » au « reste des territoires dans le monde ». Le terme en français n’indiquant pas cela, c’est donc un équivalent non seulement linguistique, mais aussi culturel que les traducteurs ont proposé.
Enfin, l’équipe devait aussi prendre en considération une autre spécificité de la langue japonaise : la multiplicité des alphabets que sont les hiragana, les katakana ou les kanji. Si les hiragana et les kanji sont utilisés normalement pour retranscrire n’importe quel mot ou phrase en japonais, les katakana, quant à eux, sont généralement utilisés pour retranscrire phonétiquement des termes étrangers.
Antoine et Imane, nos étudiants en langue chinoise, ont été surpris de constater que la traduction des mots techniques isolés n’est pas une tâche aisée. En effet, ils ont dû rechercher à de nombreuses reprises sur le site du Monde diplomatique à quoi certains termes faisaient référence. L’exemple du mot « voir » est parlant : « Voir » sans contexte particulier, a de multiples utilisations dans la langue française et donc un grand nombre d’équivalents en chinois. Après quelques recherches, l’équipe a pu identifier que sur le site français, « voir » est utilisé pour désigner spécifiquement un contenu à lire. Elle a donc décidé de traduire ce terme par « 阅览 » qui signifie en réalité « lire ». D’autres termes - y compris simples à priori - tels que « en kiosques », « blog », « livre » ou même « mot » se sont révélés d’intéressants défis pour nos traducteurs, qui ont eu à faire preuve de finesse et de créativité.
Lors de la mise en commun, Antoine et Imane se sont aperçus qu’ils avaient traduit différemment de mêmes termes (par exemple l’item « par auteur »). Ils ont confronté leurs soumissions, explicité leurs choix, et cherché ensemble à uniformiser leurs propositions.
Un projet formateur
Le rendu de ce projet est le fruit d’un important travail de recherche et d’analyse, réalisé par toutes les équipes. Il témoigne de leurs compétences linguistiques et traductionnelles. Bien sûr, la connaissance des langues et de leurs subtilités est indispensable, mais nous avons également eu à mettre en œuvre les acquis des cours de localisation et vérifié l’importance de connaître des codes culturels propres à chacune de ces langues.
Par ailleurs, le groupe a, dès le début, fonctionné en « mode projet » : chaque équipe a séquencé les phases de travail, tout en prenant en considération la phase de relecture et de vérification. Chacune a établi, dès le début, un rétroplanning détaillé qu’elle a scrupuleusement honoré, afin de respecter les délais.
Enfin, ce projet n’a pu se réaliser que grâce à une collaboration, une écoute et un travail d’équipe. L’étape de mise en commun, finalement plus délicate qu’imaginée, nous a amené à formuler et à recevoir des critiques, des questions et des propositions, à affiner nos réflexions, à revenir sur nos convictions et tenir compte des retours de nos coéquipiers. Un bel apprentissage durant cette étape cruciale pour l’harmonisation des textes, et qui était censée être une formalité !
Conclusion
Nous ne saurions clôturer ce compte-rendu sans souligner le plaisir que nous avons pris à faire partie d’un tel projet. Malgré certains obstacles, nous pensons avoir beaucoup appris et sommes fiers d’avoir pu apporter notre pierre à cet édifice.
Les membres de l'équipe
Arabe : Basma BOUBAKER et Lyticia KADJITE
Chinois : Antoine PETITOT et Imane MESKERKID
Coréen : Laura QUENSON, Marina DA ROCHA et Mégane BURKHART
Japonais : Toma DECLIPEUR, Claire BAILLY-MONTHURY, Janaïna GEOFFRAY et Melissa BOUSEKSOU
Polonais : Olivia BUKOWSKA et Sylwia PODEDWORNA
Back office : Alice TAIEB et Léo DUCA
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