Disparition de Pierre Labrousse, enseignant d'indonésien à l’Inalco (1975-2002)
On retiendra de sa carrière qu’il aura été l’homme de grands projets sur l'étude de l'Indonésie.
Le premier est lexicographique et porte sur l’indonésien contemporain. Engagé dès la seconde moitié des années 1960 avec son épouse Farida Soemargono (Kamus dasar Perantjis-Indonesia,Bandung : Ananta, 1969), il a donné naissance à une thèse (« Problèmes lexicographiques de l’indonésien », 2 vol., Paris : Langues et Civilisations Orientales, 1975) puis au Dictionnaire général indonésien-français (en collaboration avec Farida Soemargono, Winarsih Arifin et Henri Chambert-Loir, Paris : Archipel, 1984), dont il avait assuré lui-même la composition. Il poursuivra ensuite ses recherches lexicographiques en vue d’une seconde édition de ce dictionnaire, et travaillait encore peu avant sa disparition, à un projet de publication en ligne du considérable matériau accumulé. Son activité d’enseignement de l’indonésien à l’Inalco (1975-2002), en partie fondé sur ces recherches, a été l’occasion pour lui de fonder véritablement l’enseignement de cette langue en France. Sa Méthode d’indonésien (2 vol., Paris : Archipel, 1978; 2e édition L’Asiathèque 1998) a guidé les étudiants de cette langue à l’Inalco pendant plus de 30 ans et a continué d’être utilisée par la suite en dehors de l’institut.
Le second projet est la revue Archipel, créée en 1971 avec Denys Lombard et Christian Pelras. Cette revue à vocation aréale et pluridisciplinaire est devenue au fil de ses 53 années d’existence, une publication de référence sur le monde insulindien, en France comme dans tout le monde de la recherche de pays où ces études sont particulièrement développées (Pays-Bas, Grande Bretagne, Etats-Unis, Australie, Indonésie, bien sûr). Pierre Labrousse a consacré à cette revue et à l’association Archipel qui la publie bien plus que son temps et son énergie. Il a contribué à la porter, y compris financièrement, et l’accompagnait encore il y a peu.
Pierre Labrousse avait deux autres centres d’intérêt scientifique qui ne l’ont jamais quitté, tout d’abord les textes de voyageurs français en Insulinde et, plus largement, les publications en français, toutes formes confondues, sur le monde insulindien, dont il avait établi une immense bibliographie. Ensuite, la peinture moderne et contemporaine indonésienne, dont il avait découvert les peintres pendant son séjour à Bandung, avec lesquels il avait su nouer des liens personnels.
Enfin, Pierre Labrousse était un homme d’une grande modestie, d’une remarquable constance dans les engagements, un homme de qualité. Il a été membre du CA pendant de nombreuses années, et c'est également à lui que nous devons la coordination du livre du bicentenaire de l'Ecole des langues orientales paru en 1995.
Par ce message, nous souhaitions aujourd'hui lui rendre hommage. Nous nous associons à la douleur de ses proches et de celles et ceux qui le connaissaient.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient lui rendre un dernier hommage, nous mettrons à disposition, à partir d'aujourd'hui, un registre de condoléances à l'accueil du Pôle des langues et civilisations de l'Inalco.