Colloque international : "L’héritage de Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī. À l’occasion du millénaire de sa mort", les 9 et 10 décembre 2021

3 décembre 2021
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A l'occasion du millénaire de la mort de Muḥammad b. Ḥusayn Abū ‘Abd al-Raḥmān al-Sulamī (-1021), figure incontournable de l'histoire du soufisme, l'équipe de recherche CERMOM (Inalco) organise un colloque international. Il a pour objectif de dresser un bilan de la recherche académique réalisée sur Sulamī, son œuvre, sa postérité ou son influence sur le soufisme postérieur.
Gravure afghane du Moyen-Age représentant un cavalier sur un centaure, un ange et un arbre
Muhammad et le sidrat al muntaha, Mirâi nâmeh Hir Haydar, Herât (Afghanistan), llf 36. Papier, 265 f., 31fx 25,5 cm © BnF, Manuscrits, suppl. turc 190 f. 31f‎
Contenu central

Evénément organisé par le Centre d'études et de recherche Moyen-Orient Méditerranée - CERMOM (Inalco).

Jeudi 9 et vendredi 10 décembre 2021 - Maison de la recherche - Auditorium Georges Dumézil
Inalco, Maison de la recherche - 2 rue de Lille, Paris 7ème.
 

- Pour assister sur place à cette manifestation scientifique, il faut vous inscrire en cliquant ici.
Attention : votre pass sanitaire vous sera demandé(e) à l'entrée de l'établissement.
- Pour suivre en distanciel, voici le lien Zoom


Comité d’organisation
Jean-Jacques Thibon (CERMOM, Inalco)
Francesco Chiabotti (CERMOM, Inalco)
Faezeh Beknaveh-Haller (CERMOM, Inalco)
Nadir Boudjellal (CERMOM, Inalco)

CONTACTS
jean-jacques.thibon@inalco.fr et francesco.chiabotti@inalco.fr

L’héritage de Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī. À l’occasion du millénaire de sa mort

Muḥammad b. Ḥusayn Abū ‘Abd al-Raḥmān al-Sulamī est décédé il y a exactement un millénaire cette année. Pour tous ceux qui s’intéressent à la période fondatrice du soufisme, c’est une figure incontournable qui, à travers une œuvre abondante, a collecté, organisé et transmis les enseignements des premiers soufis. Héritier de l’une des familles savantes de Nishapour, à une époque où la métropole du Khurasan connaît une intense activité intellectuelle lui permettant de rivaliser avec Bagdad, ce personnage représente un maillon essentiel de l’histoire du soufisme primitif. Muḥaddith de formation et par tradition familiale, il apparaît comme un historien du soufisme rédigeant une histoire monumentale, Ta’rīkh al-ṣūfiyya, qui ne subsiste qu’à travers des citations d’auteurs postérieurs. Ses Ṭabaqāt al-ṣūfiyya constituent une histoire de la doctrine du soufisme à travers les enseignements de ses premiers maîtres, dans une tentative qui vise à unifier une spiritualité encore très largement dépendante des contextes locaux. Il est complété par un opuscule exclusivement dédié aux femmes qui pourrait être l’un des premiers du genre (Dhikr al-niswa al-muta‘abbidāt al-ṣūfiyyāt). Il compose par ailleurs un ensemble de textes liés aux pratiques des soufis, souvent cité sous le titre de Sunan al-ṣūfiyya, qui ne nous est pas parvenu. Certains des traités mineurs, en général organisés de manière thématique (samā‘, adab, rukhaṣ, etc.), pourraient représenter des fragments de cette ‘Somme’. Il est également exégète : ses Ḥaqā’iq al-tafsīr, complétées par les Ziyādāt, compilent l’une des premières exégèses composées exclusivement des paroles des soufis et couvrent la totalité du texte coranique, sans toutefois proposer des gloses pour l’ensemble de ses versets. Par ailleurs certains de ses ouvrages sont parmi les rares témoignages documentant des courants qui ont par la suite disparu ou ont connu des évolutions profondes, comme celui des Malāmatiyya ou la Futuwwa du Khurāsān.

L’organisation de cette œuvre prolifique qui couvre l’ensemble des thèmes qui intéressent les soufis de son temps répond aux nécessités d’une époque dans laquelle les différentes sciences sont en voie de constitution, dressant la liste de leurs autorités, définissant leurs principes, affinant leur méthodologie et leurs finalité. Le soufisme entend bien occuper une place à part entière parmi les sciences de l’islam et cette œuvre contribue à préciser les contours de ce qui sera reconnu sous les appellations de taṣawwuf (pour désigner la science des soufis) et de ṣūfiyya (pour désigner les hommes qui la revendiquent ou s’y rattachent). Ces termes, à partir de l’époque de Sulamī, vont s’imposer pour désigner les diverses formes de spiritualité.

L‘œuvre est donc volumineuse et, fort heureusement pour nous, a bénéficié d’une large diffusion, si bien que la liste des titres qui nous sont parvenus avoisine la cinquantaine. Si elle est presqu’entièrement dédiée au soufisme, cette œuvre ne permet pas de percer facilement les liens de son auteur avec le soufisme. Sulamī fut-il lui-même un maître soufi? La question reste ouverte.

Abū ‘Alā’ al-‘Afīfī fut le premier à éditer un texte complet de Sulamī au Caire en 1945 avec la Risāla al-malāmatiyya. Texte dont R. Hartmann avait proposé une analyse dans un article pionner (Der Islam 8, 1918). Les éditions suivantes de textes appartenant à son œuvre datent des années cinquante (M. J. Kister, F. Taeschner, N. Shurayba). Ce travail éditorial s’est poursuivi dans les décennies suivantes (J. Pedersen, P. Nwyia, E. Kohlberg, S. Ates, N. Zeidan)  Les travaux universitaires se sont accélérés à partir des années 90. La majorité des textes connus de Sulamī sont maintenant édités grâce en particulier aux efforts érudits de G. Böwering et de B. Orfali et à l’entreprise de publication des œuvres complètes de N. Pourjavadi (trois volumes édités et le quatrième sous presse) qui réunissent des textes édités, mais parfois peu accessibles, et d’autres édités pour la première fois. Des thèses ont été rédigées sur cet auteur (L. Berger, J.-J. Thibon, J. Welle, S. Z. Chowdhury et sans doute d’autres dans le monde arabe et iranien). Des articles nombreux ont abordé tel aspect ou tel aspect de son œuvre (voir la bibliographie). Une importante activité de traduction a vu le jour, en français, en allemand, en anglais, en italien, en turc (R. Deladrière, R. E. Cornell, E. Biagi, F. Colby, K. L. Honerkamp, T. Bayrak, F. Langmayr, F. Skali, G. Sassi, G. Rizzo, D. Giordani, J.-J. Thibon). Cette liste n’est pas exhaustive mais permet d’apprécier le succès et le potentiel de recherches que constituent les œuvres de Sulamī.
 
Les contributions soumises aborderont les problématiques suivantes :

  1. Le contexte dans lequel cette œuvre est produite et la prise en compte des œuvres de ses prédécesseurs immédiats, Kālābādhī, Sarrāj, Muḥāsibī etc…
  2. Contributions à une meilleure connaissance de la vie de Sulamī et de son milieu
  3. L’œuvre de Sulamī marque-t-elle un tournant dans l’histoire du soufisme ?
  4. L’impact de son œuvre sur le soufisme ultérieur
  5. L’actualité de l’œuvre de Sulamī : Quel héritage ?
  6. Les pistes qui restent à explorer autour de l’œuvre de Sulamī