Écrire la guerre. Traduire la guerre.

Table ronde avec Thuân, Doan Cam Thi et Victor Vuilleumier.
Couvertures de deux livres
Couvertures des livres "B-52 ou celle qui aimait Tolstoï" et "Le Violon de l’ennemi" © Editions Actes Sud et Decrescenzo Editeurs‎

A l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam, l’Ifrae organise le mardi 20 mai 2025 à 18h, une table-ronde avec Thuân (romancière), Doan Cam Thi (traductrice et professeure de littérature vietnamienne à l’Inalco) et Victor Vuilleumier (professeur d'études chinoises à l'Inalco) autour de deux ouvrages parus en mars 2025 :

B-52 ou celle qui aimait Tolstoï de Thuân, éditions Actes Sud.

En 1972, à la veille des accords de paix mettant fin à la guerre du Viêtnam, les Américains lancent une offensive sur Hanoï, des avions suréquipés, des B-52, larguent des milliers de tonnes de bombes sur la ville. L’armée nord-vietnamienne résiste, des appareils sont abattus, les survivants ennemis incarcérés. Quelque temps plus tard on fait appel aux soignants de la ville. Volontaires, ils reçoivent une liste de blessés qu’ils se répartissent.
Médecin, la narratrice de ce livre repère immédiatement l’un d’eux. Tolstoï est son écrivain préféré, le prisonnier porte le nom du héros de Guerre et Paix. Dans une cellule, au cœur de la violence des prisons de Hanoï, une complicité secrète se noue autour de la langue russe, de la littérature et du désir de vivre. Puis la porte se referme, les années passent, la jeune femme part pour la France. Paris lui plaît mais elle demeure d’une extrême lucidité. La liberté est un leurre. L’amour une comédie. Indépendante, optimiste, ironique et déterminée, elle se confronte en permanence à un monde dans lequel elle se veut étrangère, à distance, en surplomb. Le souvenir d’Andreï Bolkonsky ne la quitte jamais.
Un roman chatoyant d’optimisme et de dérision. Beaucoup d’humour pour dépeindre, à travers l’itinéraire d’une jeune Vietnamienne, l’errance de ce peuple de survivants en partie exilé pour fuir l’insupportable, se reconstruire ailleurs avec une volonté de fer, une discipline chevillée au corps et une mémoire indestructible.

Le Violon de l’ennemi de Bao Ninh, traduit par Doan Cam Thi.

Le 30 avril 2025 marque le 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam, rappelant que le pays dût affronter, en trente-cinq années, trois conflits successifs contre le Japon, la France et les États-Unis, sans compter la guerre fratricide qui opposa le Nord et le Sud pendant vingt et un ans ; des affrontements majeurs qui ont laissé des cicatrices profondes, tant sur le territoire que dans les consciences.

Si les combattants s’illustrèrent, les femmes ne furent pas en reste. Dans ces cinq histoires d’une qualité littéraire exceptionnelle, Bao Ninh brosse des portraits de figures féminines originales, amoureuses et libres, aux antipodes des épouses soumises. Le violon de l’ennemi révèle leurs destins souvent tragiques, et renforce la dimension ambiguë, romantique et cruelle, du discours de l’auteur sur la guerre du Vietnam.