Peul

Découvrir la langue

Sous la double appellation de pulaar ou fulfulde, la langue peule, qui appartient à la branche ouest-atlantique de la classification de J. H. Greenberg – famille congo-kordofanienne, sous-famille Niger-Congo – se rencontre dans une vingtaine d’États de l’Afrique occidentale et centrale, des rives du Sénégal à celles du Nil, à travers la zone soudano-sahélienne propice à l’élevage bovin dont les Peuls (ou Fulb’e ) détiennent le quasi-monopole dans cette partie du continent.

L’extension du peul sur un espace aussi vaste rend fastidieuse toute statistique globale sur le nombre de ses locuteurs. Les chiffres que l’on relève et qui se fondent probablement sur des estimations datant d’avant-guerre, varient considérablement d’un auteur à l’autre. Il atteindrait aujourd’hui plus de 20 millions d’individus.

La seconde conséquence de cette extension est la grande diversité des contextes sociologiques qui caractérisent le peul. En contact avec le wolof, le soninké, le malinké, le bambara, le touareg, le môré, le songhay, le haoussa, le kanouri pour ne citer que ces langues, il l’est également avec l’arabe, soit directement comme c’est le cas en Mauritanie, au Tchad et au Soudan, soit indirectement à travers l’islam. Cette religion avait en effet servi de fondement idéologique à la plupart des formations politiques bâties sous l’égide des Peuls (l’Empire peul du Maasina, les États du Fuuta-Jallon et l’Empire de Sokoto), ou bien sous l’égide des Haal-pulaar’en parmi lesquels les Peuls ne représentent en réalité que la catégorie sociale spécialisée dans l’élevage,  celle-là même qui, à travers des migrations séculaires, diffusa la langue et la culture peules.

Les nombreux parlers qui composent le peul sont habituellement regroupés en cinq principaux ensembles géographiques : les parlers du Fuuta-Tooro dans le bassin inférieur du fleuve Sénégal ; ceux du Fuuta-Jallon sur les hauts plateaux de la Guinée et sa périphérie ; ceux du Maasina autour du delta intérieur du Niger ; les parlers centraux qui vont du sud-est du Mali à la région de Dallol au Niger ; et enfin les parlers orientaux dans l’ancien Empire de Sokoto et les régions qui le bordent (Niger-Est, Nigéria, Cameroun, Tchad et République Centrafricaine).

A cette diversité dialectale correspond une grande richesse littéraire faisant coexister des genres fort variés de la littérature orale avec des textes religieux ou profanes écrits en caractères arabes (ajami ) et dont les manuscrits les plus anciens connus remontent au XVIIIe siècle, sans oublier une littérature moderne naissante d’une grande productivité, notamment au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée et au Mali.