Découvrir la langue
Le bislama (ou bichelamar) est une des langues officielles au Vanuatu (anciennement Nouvelles Hébrides), petit archipel du Pacifique Sud. Il s’agit d’un pidgin, c’est-à-dire d’une langue de contact, que les locuteurs utilisent généralement comme langue seconde et qu’ils apprennent dans l’enfance, après avoir d’abord acquis une ou plusieurs langue(s) vernaculaires. Ce pidgin fonctionne comme lingua franca, car il existe dans le pays plus d’une centaine de langues vernaculaires, pour environ 250 000 personnes. On constate cependant actuellement une créolisation du bislama dans les villes du Vanuatu : dans ces zones où les locuteurs de très nombreuses communautés linguistiques se retrouvent mélangés, le bislama est en train de devenir la langue maternelle de nombreux enfants.
Le bislama, comme le pijin des îles Salomon et le tok pisin de Papouasie-Nouvelle Guinée, est issu d'un idiome qui s'est développé dans les plantations de canne à sucre du Queensland, pendant la période du blackbirding. Entre 1863 et 1904, des dizaines de milliers de Mélanésiens ont été transportés et utilisés comme main-d’œuvre dans ces plantations. Ils se sont ainsi trouvés non seulement en contact prolongé avec des colons européens, mais également obligés de communiquer entre eux, alors que leurs langues étaient très diverses. Ils ont donc adopté un sabir, à base lexicale anglaise, mais fondé sur la syntaxe de leurs langues maternelles. Après la création de la Fédération australienne en 1901 et l’adoption de la White Policy, l’importation de travailleurs océaniens sous contrat cessa et nombre d’entre eux furent renvoyés dans leurs archipels d’origine où ils ont popularisé l’usage de cette langue. Les différentes variantes parlées aux Nouvelles-Hébrides, en Papouasie-Nouvelle Guinée et aux îles Salomon se sont alors progressivement différenciées les unes des autres.
Après l’indépendance du Vanuatu en 1980, le bislama a pris une place de plus en plus importante. Il constitue la seule langue parlée par quasiment l’ensemble de la population et il est la langue privilégiée pour les échanges entre communautés linguistiques.
A l’Inalco, l’enseignement du bislama, au sein du Département Asie du Sud-Est et Pacifique, consiste en 1h30 par semaine sur un an, ce qui suffit pour maîtriser l’essentiel de la syntaxe et du vocabulaire courant. Une bonne connaissance de l’anglais, bien que non nécessaire, en facilite beaucoup l’apprentissage. En plus des étudiants inscrits en licence à l’Inalco, ce cours intéressera également les étudiants de master ou de doctorat (linguistique, anthropologie, etc..) souhaitant se préparer pour des séjours de recherche de terrain au Vanuatu.