De retour du Québec : nouvelles perspectives de coopération

Malgré des contacts individuels fréquents entre enseignants-chercheurs de l’Inalco et de nombreuses universités nord-américaines, aucun partenariat entre établissements n’a été formalisé jusqu’à présent, alors même que beaucoup de formations et de programmes de recherche portent sur des thématiques proches et que de véritables échanges seraient bénéfiques.

Se pose bien sûr le problème de la langue. C’est l’une des raisons pour lesquelles l'Inalco a décidé de développer d’abord sa coopération avec des universités du Québec, essentiellement francophones.

Anne Grynberg, vice-présidente déléguée aux relations internationales, s’est rendue en mission à Montréal et à Québec à l'automne 2018, avec l’objectif de « lister » les partenariats possibles et de jeter les bases de leur mise en œuvre.
Université de Montréal (UdeM) sous les couleurs d’automne (DR)
Université de Montréal (UdeM) sous les couleurs d’automne. (DR) © DR‎


Créée en 1878 sous l’égide du diocèse, l’Université de Montréal (UdeM) a été restructurée et réorientée, sous une forme académique sécularisée, à partir de 1965. Elle réunit cette année 66 506 étudiants tous cycles confondus, dont 9 341 étudiants internationaux. Elle est considérée comme le premier pôle d’enseignement supérieur au Québec, comme la troisième université canadienne et se situe au 90e rang du classement Times Higher Education. Elle a des conventions avec des universités dans plus de cinquante pays. Sa situation géographique sur le flanc du Mont Royal, au milieu de vastes espaces boisés, constitue un atout supplémentaire. Ne l’appelle-t-on pas « le campus de la montagne » ?
 
Parfaitement organisées par Mme Stéphanie Tailliez, directrice du service des relations internationales, les rencontres avec des collègues de la Faculté des arts et sciences de l’UdeM se sont déroulées pendant trois jours et ont été à la fois agréables et fructueuses.
 
 
Pour ne citer que quelques exemples :
 
- Mme Sylvie Dubuc, directrice de l’École de langues où sont enseignés l’arabe, le chinois, le coréen, le grec, l’innu, le japonais et le russe, s’est déclarée très favorable à des échanges d’enseignants-chercheurs et d’étudiants, ainsi qu’à l’organisation commune de journées d’étude et de colloques. 

- Des collègues des départements d’anthropologie, de science politique, se sont montrés également intéressés par le lancement d’activités communes, ainsi que ceux qui sont engagés dans des programmes multidisciplinaires tels que « Analyse et stratégie internationales », « Édition numérique », « Études juives », « Muséologie, « Pratiques et politiques du pluralisme » 

Mme Diana Dimitrova, spécialiste de l’hindouisme et des religions d’Asie du Sud, nous a expliqué que, alors que l’hindi est une langue très parlée à Montréal, il n’existe aucun enseignement académique de cette langue. Elle le déplore vivement, tout autant que ses collègues des principales autres universités de Montréal : l’Université du Québec à Montréal (UQAM), McGill University et Concordia. Il semble qu’elles seraient toutes disposées à lancer un programme commun s’appuyant sur l’expertise de l’Inalco afin de mettre en place un enseignement à distance de l’hindi, ainsi que des programmes de conférences et, dans la mesure du possible à moyen terme, une université d’été. 

Mme Valérie Amiraux, vice-doyenne de l’UdeM déléguée aux relations internationales, elle-même sociologue des religions, a, elle aussi, exprimé son soutien à toutes formes de coopération avec l’Inalco. 
 

Nous avons également rencontré les responsables et des collègues de plusieurs centres de recherche :
 
- le CERIUM (Centre d’études et de recherches internationales), qui regroupe plusieurs équipes. Il est tout prêt à accueillir dans d’excellentes conditions scientifiques et financières des doctorants et post-doctorants de l’Inalco. Elle-même spécialiste de politique comparée —en particulier des politiques identitaires, des conflits ethniques, de la réconciliation et de l’intégration interethniques en Europe centrale et dans l’espace postsoviétique—, la directrice du CERIUM, Mme Magdalena Dembinska, nous a également informée de l’organisation, depuis quinze ans, d’écoles d’été qui se tiennent chaque année pendant une semaine à l’UdeM, sur proposition[1] de collègues canadiens et / ou étrangers. 

À signaler : le PRIAS (Pôle de recherche sur l'Inde et l'Asie du Sud) est maintenant rattaché au CERIUM. Il est dirigé par l’anthropologue Karine Bates et réunit principalement des sociologues, des historiens, des historiens des religions et des économistes. Ses principaux axes de recherche portent sur la diversité culturelle en Asie du Sud face aux défis contemporains.
 
- le CÉTASE (Centre d'études asiatiques), dont les membres sont spécialistes de l'Asie de l'Est et de l'Asie du Sud-Est, dans différents champs disciplinaires. 

Depuis 2002, la chaire de recherche en études asiatiques, dont le titulaire est le géographe Rodolphe de Koninck, est rattachée au CÉTASE
 
Depuis 2016, le CÉTASE est associé à la chaire de recherche en urbanisation durable dans le Sud global dont la titulaire est Danielle Labbé et dont les travaux portent principalement sur les enjeux de la transition urbaine en Asie du Sud-est, particulièrement au Vietnam.
 
 
Nous avons également rencontré la Professeure Laurence Monnais-Rousselot, directrice du Centre d’études sur l’Asie de l’Est, vice-présidente de HOMSEA (History of Medicine in Southeast Asia). Malgré les délais très courts, celle-ci a accepté de venir à Paris participer au 9e congrès annuel du CAAS (Consortium for Asian and African Studies) qui était organisé cette année par et dans notre établissement.


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Une ville dans la ville : l’université Laval. (DR)
Une ville dans la ville : l’université Laval. (DR) © DR‎



 
Nous nous sommes rendue ensuite à Québec afin de rencontrer des collègues de l’université Laval. Fondé en 1852 à l'initiative du Séminaire de Québec, c’est le plus ancien établissement d’enseignement supérieur francophone en Amérique et fait partie des dix plus importantes universités canadiennes en matière de recherche. Elle compte cette année 43 000 étudiants, dont 6 600 étudiants internationaux.
 
Nous avons eu de longs échanges avec le Pr. Guillaume Pinson, doyen de la faculté des lettres et sciences humaines, extrêmement favorable à toutes formes de coopération avec l’Inalco. Position résolument partagée par Mme Rachel Sauvé, directrice de l’École des langues (où sont enseignés l’arabe, le japonais, le mandarin et le russe) ; par Mme Johanna-Pascale Roy, directrice du département de linguistique et Mme Véronique Nguyen-Duy, directrice du département Information et communication. 
 
Mme Tatiana Mogilevskaya et le Pr. Alexandre Sadetsky, respectivement enseignante de russe, directrice du Centre Moscou-Québec et directeur du programme d’études russes à l’université Laval, partagent ce réel enthousiasme. Outre les cours de langue russe, ils développent des programmes d’enseignement autour de l’histoire, de l’histoire religieuse et également sur le théâtre, le cinéma et la musique. Ils organisent aussi des cours intensifs d’été, en collaboration avec l’université d’État de Moscou.
 
Le Pr. Michel Fortin, directeur du département des sciences historiques, responsable du laboratoire d’archéologie du Proche-Orient, nous a réservé un accueil extrêmement favorable.  Il compte venir à Paris au printemps 2019 et souhaiterait visiter l’Inalco et la Bulac. Visite déjà effectuée en décembre 2018, peu après notre venue à Québec, par M. Shenwen Li, enseignant dans le département d’études chinoises, spécialiste des relations entre la Chine et l’Occident aux XVIIe et XVIIIe siècles.
 
Nous avons discuté également avec le Pr. Habib Saïdi, directeur de l’IPAC (Institut du Patrimoine culturel), qui poursuit des recherches novatrices sur l’interaction entre patrimoine et tourisme, notamment dans le contexte de revendications identitaires. Un projet de journée(s) d’étude conjointe(s) est à l’étude.
 
Nous avons été reçue en outre au CIERA (Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones). Nous avons discuté en particulier avec Mme Caroline Hervé —docteure de l’Inalco— titulaire de la chaire sur les relations avec les sociétés inuit. Elle nous a dit regretter vivement qu’aucun cours de langue inuit ne soit dispensé à l’université Laval. À l'heure actuelle, deux doctorants en anthropologie à l'université Laval suivent les cours de l'INALCO, grâce au système de cours d'inuktitut par visioconférence en place depuis 2013. (Ce système est lui-même fondé sur la collaboration de l'INALCO avec le Bureau de Télésanté du RUIS McGill.) Caroline Hervé, Michelle Daveluy - directrice du département d'anthropologie -, et Marc-Antoine Mahieu - professeur associé au département d'anthropologie - travaillent actuellement à renforcer la coopération entre nos établissements, afin d'ouvrir un cours de langue et culture inuit à l'université Laval à partir de l'an prochain.
 
En outre, une collaboration déjà existante autour des études tibétaines va être renforcée.
 
 
Autant de contacts stimulants et de riches perspectives de travail en commun. Un projet de convention-cadre entre l’Inalco et la Faculté des arts et sciences de l’UdeM, validé par la commission des relations internationales puis ratifié par le conseil d’administration de l’Inalco, est actuellement en cours de signature ; il en va de même pour la Faculté des arts et sciences humaines de l’université Laval. 
  
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[1] Entre douze et quinze écoles d’été ont lieu chaque année. Les propositions (thématique et participants pressentis) sont à envoyer pour la fin du mois d’octobre (magdalena.dembinska@umontreal.ca).