Amitié et langues autochtones : dynamisme du quechua à Paris

À travers l’organisation d’un événement sur le quechua en 2016, un réseau d’amitié et de collaboration académique s’est constitué au sein du département Langues et cultures des Amériques de l’Inalco. Depuis, nombreuses ont été les activités organisées par des étudiantes et étudiants de l’Inalco passionnés par les Amériques. Cette dynamique est appelée à se poursuivre en 2019, notamment dans le cadre de l’Année internationale des langues autochtones de l’Unesco.
Lettre itinéraire Affiches quechua
Lettre itinéraire Affiches quechua © Inalo‎

C’est le projet de festival interuniversitaire et international du quechua à Paris, porté par Verónica Valencia Baño, qui nous a réunis pour la première fois entre anciens et actuels étudiants de l’Inalco en quechua de différents niveaux. Le festival comportait trois événements majeurs : un workshop sur l’oralité et la psychanalyse co-organisé avec Paris 7-Denis Diderot, une journée de rencontre entre linguistes équatoriens et français à la Maison de la recherche, en partenariat avec Paris 3-Sorbonne nouvelle, et les journées scientifiques et culturelles sur la tradition orale quichua en Équateur, qui ont réuni locuteurs et spécialistes internationaux et se sont tenues à l’Inalco les 15 et 16 décembre 2016. Ces événements ont connu un retentissement certain en France comme en Équateur, et ont contribué à nouer des liens durables entre l’Inalco et diverses institutions équatoriennes. Ils nous ont également permis de prendre la mesure de ce qui peut naître d’une simple initiative étudiante, lorsqu’elle est portée par un solide esprit d’équipe et le plaisir de se retrouver autour d’une passion commune, avec le soutien de nos enseignants César Itier et Pablo Landeo Muñoz. 
 
C’est ainsi que nous avons mis en place en décembre 2017 l’exposition de photographies de missions archéologiques au Mexique, Pérou et Bolivie « Archéologues en Amérique », en partenariat avec Paris IV Paris-Sorbonne, le Musée de l’Homme, EHESS, le CeRAP (Centre de recherche sur l’Amérique préhispanique) et les responsables des missions dans ces trois pays. Nous avons également organisé, au long des années 2017 et 2018, pas moins de dix « Cafés Amériques », rencontres semi-informelles avec des intervenants reconnus du monde de la recherche et de la société civile sur des sujets interdisciplinaires liés aux Amériques (poésie, éducation, archéologie, tradition orale, féminisme...). Ces rendez-vous ouverts à tous, à la lisière entre recherche et vulgarisation scientifique, ont attiré un public nombreux et varié, de même que nos ateliers d’initiation au quechua et à la musique andine lors de l’Inalculturelle de ces deux dernières années.
 
 
En 2019, nous comptons poursuivre cette action de promotion et de diffusion des cultures et langues américaines dans le cadre de l’Année internationale des langues autochtones de l’Unesco. L’un de nos objectifs est d’encourager l’accompagnement mutuel entre les différentes promotions des diplômes d’établissement en Langues et cultures des Amériques, afin de favoriser la continuité de l’apprentissage pour des étudiants souvent appelés à réaliser de longs séjours à l’étranger dans le cadre de leurs recherches.
 
S’agissant du quechua, nous avons ainsi entrepris, avec le soutien de l’équipe technique de l’Inalco, un travail de valorisation numérique des cours de grammaire de César Itier, dont le résultat est disponible sur la plateforme moodle de l’Institut. Nous tâchons en outre de créer des connexions entre étudiants et locuteurs natifs de langues autochtones vivant en France, en nous associant ponctuellement avec d’autres collectifs liés aux cultures andines et américaines, tels que l’association Ayllu. Culturas andinas, l’association Alerta Feminista ou encore le séminaire « Genre et féminismes dans les Amériques latines ».
 
Nous continuerons également à proposer des événements réguliers et ouverts à tous au sein de l’Inalco. Pour 2019, nous envisageons ainsi des présentations-débats sur la musique andine, les migrations transaméricaines, les traditions orales maya et quechua – dans la continuité du Café Amériques qui s’était tenu sur ce thème en avril 2018 – ou encore le Manuscrit de Huarochirí et son héritage dans la tradition orale contemporaine.
 
Nous organiserons en outre une soirée en l’honneur de notre enseignant Pablo Landeo Muñoz, lauréat 2018 du Prix national de Littérature en langue originaire au Pérou pour son roman Aqupampa, dont nous préparons par ailleurs, en collaboration avec des locuteurs natifs, une traduction dialectale du quechua sud-péruvien au quichua équatorien, qui sera publiée en 2019 sous l’auspice de l’Institut français d’études andines (IFEA)
 
 
L’Inalco, à travers l’offre de formation du diplôme de Langue et civilisation, nous a fourni le cadre de rencontre idéal pour tisser des liens personnels et interdisciplinaires autour d’un intérêt commun pour les langues des Amériques. Le soutien généreux du personnel enseignant et technique a rendu possible une collaboration fertile pour nos activités. L’entraide que nous avons nourrie entre nous dès le départ a permis le développement d’initiatives culturelles et scientifiques originales. La réunion de ces conditions a créé une synergie exceptionnelle, qui contribue à la visibilité de la section Langues et cultures des Amériques de l’Inalco, grâce à des événements qui encouragent la recherche et sa diffusion.  
 
 
Marie Arias, Sarah Dichy-Malherme, Ana Gendron Correa, Morgana Herrera, Tania Romero Barrios, Louison Sockel, Verónica Valencia Baño et Caroline Weill.