Mise en ligne des conférences « 1873 : un tournant dans l'histoire des Langues O’ - Ça déménage ! »
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Le 6 septembre 1873, un décret signé par Patrice de Mac Mahon, président de la République, attribuait le bâtiment du 2 rue de Lille, Paris 7e, connu comme l’ancien « Hôtel de Bernage », à l’École des langues orientales vivantes. Elle y emménagea au début de 1874, quittant les locaux qu’elle occupait à titre provisoire au Collège de France. Ce déplacement dans l’espace fut en réalité un tournant dans l’histoire de l'École qui se métamorphosa alors en profondeur, et put aussi commencer à se doter d’une bibliothèque digne de ce nom, ancêtre de la BULAC.
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Charles Schefer et la refondation de l'École des langues orientales
Par Emmanuel Lozerand, chargé de mission Histoire de l’Inalco
Les Langues O’ doivent beaucoup à Charles Schefer (1820-1898). Professeur de persan nommé président de l’« école impériale et spéciale des langues orientales vivantes » par Napoléon III, le 16 octobre 1867, il resta l’administrateur de l’« École des langues orientales vivantes » sous la IIIe République, jusqu’à sa mort en 1898.
Il fut l’artisan d’une véritable refondation de l’école dont il accompagna les changements de statut juridique. Il lui trouva un local en 1873, dans l’ancien Hôtel de Bernage au 2 rue de Lille. Plus profondément encore, il initia de nouvelles orientations scientifiques et pédagogiques qui en firent un établissement ouvert aux quatre « orients » du monde.
La constitution d’une collection polyglotte : l’emménagement rue de Lille et l’essor de la Bibliothèque des langues orientales
Par Benjamin Guichard, directeur scientifique de la BULAC
Lorsqu’en 1868, l’École des langues orientales quitte l’enceinte de la Bibliothèque impériale, elle ne possède que quelques centaines d'ouvrages. À la mort de Charles Schefer, trente ans plus tard, elle rassemble près de 50 000 documents qui en font un établissement de référence sur la carte de l’orientalisme européen. L’emménagement de l’École des langues orientales rue de Lille marque ainsi la véritable naissance de sa bibliothèque.
Ces collections mêlent une grande diversité de documents, patrimoniaux ou contemporains, qui reflètent l’offre élargie de langues enseignées et les ambitions scientifiques nouvelles de l’École. Surtout, elles sont le fruit des redoutables talents de négociateur et des réseaux diplomatiques de Charles Schefer.