Disparition de Jacques Pimpaneau, sinologue et professeur à l'Inalco de 1965 à 1999
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Le président et tout le personnel de l'Inalco souhaitent saluer sa mémoire et présentent à sa famille et ses proches leurs plus sincères condoléances.
Tout en travaillant chez Gallimard pour l’Encyclopédie de la Pléiade où il noua une amitié fidèle avec Robert Antelme, il avait commencé dès 1954 l’étude du chinois aux Langues’O. Il fut également le disciple du grand sinologue anglais David Hawkes. Il partit en Chine grâce à une des premières bourses proposées aux étudiants français, et étudia à l’Université de Pékin entre 1958 et 1960. Il fut nommé professeur de langue et littérature chinoises à l’Inalco à l’âge de 29 ans en 1963, et le resta jusqu’à sa retraite en 1999.
Ayant eu la chance de voir lors de son premier séjour chinois jouer les grandes vedettes de l’opéra chinois, il poursuivit son exploration des arts de la scène traditionnels lors d’un détachement à l’université de Hong-Kong de 1968 à 1971. Initié aux marionnettes cantonaises dans une troupe locale – il apprit à des générations d’étudiants de l’Inalco leur manipulation et revendiquait avec fierté pour lui-même le titre de « marionnettiste » – il se vit confier par un homme d’affaire hongkongais, Kwok On, une collection d’objets théâtraux qui devait devenir, sous sa direction, le magnifique musée du même nom. Consacré aux fêtes et théâtres d’Asie, on put le visiter à Paris de 1972 jusqu’au transfert de la collection à la Fundação Oriente de Lisbonne en 1994.
Ses livres sur le théâtre et les arts de la scène en Chine et en Asie orientale comptent parmi les premières publications en langues occidentales sur le sujet. Toutefois, n’ayant guère de goût pour la confidentialité des publications universitaires, Jacques Pimpaneau s’employa surtout dans ses très nombreux ouvrages à s’adresser au plus large public : manuels d’initiation à la culture et la littérature chinoises, très nombreuses traductions de littérature ancienne et classique, plus personnelles variations romanesques sur des thèmes chinois. Il fut aussi cinéaste, et, en collaboration avec les techniciens de l’Inalco, réalisa une vingtaine de documentaires sur les spectacles et religions, en Chine mais aussi en Inde et au Tibet. Ce fut également lui qui permit la venue en France de troupes de théâtre venues directement du monde rural chinois. Et c’est grâce à son amitié avec le grand marionnettiste taiwanais Li Tianlu que la France compte aujourd’hui une des seules troupes de théâtre de poupées chinoises hors d’Asie, le Théâtre du Petit miroir.
Rétif à toute forme d’autoritarisme, les séjours de Jacques Pimpaneau en Chine le prémunirent encore davantage contre les sirènes du maoïsme : lors de son séjour à Hong-Kong, ce fut d’ailleurs lui qui présenta Simon Leys à son futur éditeur René Viénet, permettant la publication des Habits neufs du président Mao. Il réservait aux étudiants un accueil parfois bourru mais invariablement généreux, se mettant en quatre pour faciliter la préparation de leurs séjours en Chine et leurs travaux. Des générations de spécialistes de la Chine ancienne ou moderne lui restent redevables de la découverte de la civilisation chinoise et de son imaginaire.
Il fut le secrétaire de Jean Dubuffet et l’ami de Georges Bataille.