Cycle de projections débats : « (Contre-)mémoires cinématographiques des conflits en Europe médiane » : édition 2023-2024
Dans ce cycle de projections suivies de discussions, on regardera les films comme autant de documents et d’acteurs des débats et batailles historiographiques spécifiques à l’Europe centrale, orientale et balkanique sous les régimes communistes ou autoritaires et après leur chute.
Les films seront projetés en version originale sous titrée en français (ou à défaut en anglais) et les projections seront suivies de discussions-débats en présence du réalisateur.trice, d’un membre de l’équipe du film ou d’un.e spécialiste du domaine. Les séances pourront avoir des formats différents (un ou plusieurs films, longs-métrages de fiction, films d’animation, documentaires et courts-métrages expérimentaux, fiction ou documentaires).
Ce cycle s’adresse aux étudiants et au grand public. Entrée libre.
Conception et organisation : Anne Madelain (Inalco, centre de recherche Europes-Eurasie-CREE) et Naïma Berkane (Sorbonne Université, Eur’Orbem)
Lieu : auditorium de l'Inalco, PLC - 65, rue des Grands Moulins - 75013 Paris
Programme du cycle 2023-2024
Vendredi 6 octobre 2023 - 17:00 - 21:30
Le Regard d'Ulysse
Theo Angelopoulos, Grèce, 1995, 169 mn, VOSTFR. Productions : Greek Film Centre, Mega Channel, Paradis Film, La Sept Cinéma, La Générale d'Images, distribution : StudioCanal
Un cinéaste grec exilé revient dans son pays (dans le nord de la Grèce, vers Thessalonique), à la recherche des bobines originales du premier film réalisé dans les Balkans par les frères Manakis au début du XXe siècle. Cette quête va le mener au travers de différents pays des Balkans, après la chute du communisme, de la Bulgarie à la République de Macédoine naissante, pour finir son périple à Sarajevo durant la guerre de Bosnie-Herzégovine dans une Yougoslavie en cours de désintégration. Il arrive finalement sous les balles durant le siège de Sarajevo, où il découvre les précieuses bobines conservées par un vieil homme, projectionniste de cinéma, qui tente tant bien que mal de préserver le patrimoine cinématographique de son pays en pleine explosion.
Projection suivie d’une discussion animée par Naïma Berkane (Eur'ORBEM, Sorbonne Université).
Un débat sur cette même thématique aura lieu en ligne, le vendredi 20 octobre, de 19h à 20h30 : "Talk about Ulysses' Gaze" organisé par Federal Rural University of Rio de Janeiro, la Cinémathèque MAM Rio, Kinoklub Zagreb, Les Orangeries de Bierbais, l'Inalco, le CREE et Eur'ORBEM. Avec Pedro Hussak (Professeur de philosophie et d'esthétique), Petra Belc (docteure spécialiste du cinéma expérimental), Ivana Momčilović (dramaturge, PhD In One Night/Collective E-I-Migrative Art/Edicija Jugoslavija) et Naïma Berkane (doctorante sur le cinéma moderniste yougoslave).
Pour plus d'informations, écrire à naimaberkane@outlook.fr
Lundi 23 octobre 2023 - 18:00 - 20:30
Piran Pirano
Goran Vojnović, Slovénie, 2010, 101 mn. Avec Boris Cavazza, Mustafa Nadarević, Nina Ivanišin, Moamer Kasumović, Francesco Borchi. Genre : comédie dramatique. Production : Ars media
La quête d'un foyer perdu : Piran - Pirano est un film sur le destin croisé de trois vies. L'Italien Antonio, le Bosnien Veljko et la Slovène Anica ont connu la seconde guerre mondiale quand ils étaient enfants et en ont été victimes chacun à sa manière. Cette expérience commune, remplie de peur, de désespoir, mais aussi d'amour et de sentiments indicibles ressurgit cinquante ans plus tard quand Antonio se décide à revenir à Piran petite ville du littoral slovène, avant de mourir.
Le film a été traduit par les étudiants de la section de slovène de l’Inalco, Nicolas Brunot et Efstatia Bekiari, sous la direction de leurs enseignantes Kaja Dolar et Petra Seitl
Relecture et sous-titrage : Pia Zarnik
Projection suivie d’une discussion animée par Samuel Julien, traducteur et chargé de cours à l’Inalco et Anne Madelain, maitresse de conférences à l’Inalco.
Vendredi 9 février 2024 de 17:00 - 21:00
Jours de 1944
Séance de deux films introduits et commentés par Joëlle Dalègre (Inalco) et Nicolas Pitsos (BULAC)
Juin 1944. À peine quelques moins avant la Libération, les forces d’occupation allemandes, viennent de perpétrer un massacre à Distomo, un village en Grèce centrale, en représailles contre une attaque de la part des résistants (‘andartes’) grecs. Argyris Sfountouris, perd ses parents et désormais orphelin il est accueilli en Suisse. Durant toute sa vie, il s’engage pour les droits de l’homme et pour que le passé ne soit pas oublié. Quelques mois plus tard, en décembre 1944, a lieu la bataille d’Athènes qui oppose les forces gouvernementales soutenues par l’armée britannique aux combattants communistes à la suite d’une répression brutale d’une manifestation pacifique devant le Parlement. Il s’agit de la première séquence d’une guerre civile qui plonge la Grèce dans un conflit dévastateur, s’achevant en 1949 et laissant le pays profondément divisé.
Cette séance réunit deux films documentaires revenant sur ces événements de l’histoire grecque contemporaine, inscrits dans une histoire plus large des Balkans et du continent européen sous l’Occupation et à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale.
- à 17h : Une chanson pour Argyris (Ein Leid für Argyris), Stefan Haupt, 2006, Fontana Film SRG SSR, VOSTFR
Distomo est un petit village de paysans grecs. C'est ici qu'Argyris survit à un massacre brutal perpétré par les forces d'occupation allemandes en 1944. Argyris perd ses parents et 30 autres membres de sa famille. Toute sa vie, il s'est engagé pour les droits de l'homme et pour que le passé ne soit pas oublié.
En présence du réalisateur.
- à 19h30 : La Guerre civile grecque, Robert Manthoulis, 1996, YGrec Productions, Palette Ltd, VOSTFR
Un documentaire sur les guerres civiles grecques de la période 1944-1949 situées dans le contexte politique, à la fois local et international, de l'époque. La guerre civile grecque est le premier conflit militaire apparent entre les deux blocs, après la fin de la deuxième guerre mondiale. Apparent car, en réalité, les "Grands" n'ont pas envoyé leurs troupes en Grèce. Les combattants du parti communiste et de l'armée gouvernementale se sont battus à leur place. Si on tentait d'expliquer en une phrase la guerre civile grecque, on pourrait dire qu'elle était devenue inévitable, à partir du moment où les forces de la résistance de gauche n'ont pas eu une participation méritée au pouvoir, après la victoire (octobre 1944). Les communistes grecs cherchaient-ils à prendre le pouvoir par la force comme Churchill le prétendait ? Rien n'est moins sûr dans un pays situé dans la sphère d'influence britannique par les Accords secrets de Moscou (octobre 1944). Cette période est racontée à l'aide de témoignages et de documents filmés, pour la plupart inédits.
Jeudi 21 mars 2024 - 19:00 - 21:30
Les Chevaliers célestes (Nebeští jezdci)
1968, Filmové studio Barrandov, VOSTFR
Mélodrame, épique et humour noir, raids militaires et bals mondains se mêlent et se succèdent à la façon d’un kaléidoscope multilingue dans ce chef-d’œuvre oublié de la « Nouvelle vague tchécoslovaque ». Les Chevaliers célestes nous plongent dans la vie quotidienne de l’équipage d’un bombardier britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, à la tête duquel se trouve le capitaine slovaque, Pavel (Svatopluk Matyás) et où se côtoient mitrailleurs tchèques, radioman canadien, copilote et navigateur anglais, etc.
La projection sera suivie d'une discussion avec Anastasia Mamaeva (Sorbonne Université) et Jonathan Owen (chercheur indépendant) en anglais.
Séance d’ouverture d’une journée d’étude consacré aux usages du camp et de la parodie dans les cinémas de la stagnation (Sorbonne Université, Eur’ORBEM)
Vendredi 3 mai 2024 - 14:00 - 21:30
Les partisans yougoslaves : figures historiques et héros de cinéma (2e édition)
Séance de trois films introduits et commentés par Naïma Berkane (Sorbonne Université)
Héros de la Guerre de libération nationale, les Partisans sont célébrés dans la Yougoslavie socialiste et toute une culture visuelle leur est attachée. L’acte inaugural de la cinématographie yougoslave d’après-guerre, Slavica, est un film glorifiant la résistance communiste contre les occupants qui donne naissance à un genre spécifique et prolifique, allant du réalisme socialiste aux westerns ou aux films d’espionnage : « le cinéma de partisans ». Nous proposons d’observer certaines de ses variations à travers trois films produits dans les années 1960 et 1970, pendant le deuxième modernisme cinématographique.